[Astraë-Alice] Quelques recherches.

Après vérification de la présence des livres que j’avais emprunté plus tôt dans la semaine, je quitte la chambre pour prendre comme à mon habitude depuis maintenant cinq ans le chemin de la bibliothèque. Je me rends compte à quel point je n’ai jamais réellement pris le temps de me lier d’amitié avec qui que ce soit depuis que je suis arrivée ici. Je dois avouer que ça me manque un peu cette période où je m’autorisais à me lier d’amitié avec les autres. Je dois avouer qu’en dehors d’Angelique et de Cook je ne parle à personne.

Je souris légèrement. Je ne ferai pas grand-chose sans elles en réalité.
Après quelques détours de couloirs que je passe mécaniquement, probablement par habitude, je finis par arriver devant la grande porte de la bibliothèque. Je le pousse sans trop de difficultés, et sans surprise elle fait son habituel grincement sonore.

J’aime particulièrement l’ambiance de cette bibliothèque en milieu d’après-midi. Il n’y a généralement que peu de personne, c’est souvent tranquille. Les autres préfèrent aller en ville, claquer leur argent dans des séances de cinéma ou des vêtements à ne plus pouvoir les compter pour se donner l’impression d’être comme tous ces gens sans capacités spéciales.

J’avancer rapidement vers le bureau d’accueil de la bibliothèque et sourit à la vieille femme derrière son comptoir. Après un raclement de gorge discret pour signaler ma présence, je parle à voix basse, conformément à la règle d’or de la bibliothèque.

Astraë : Bonjour Madame, je viens rendre ces livres que j’ai emprunté plus tôt dans la semaine.

Je souris légèrement, tendant la pile de livre que j’avais sorti de mon sac au préalable. Je regarde les mains à la peau ridée de la vieille femme récupérer les livres comme s’il s’agissait de pièces rares. Elle m’amusera toujours avec ses tics de grand-mère.

Bibliothécaire : Oh bonjour mademoiselle Astraë, j’espère que ces livres vous ont été utile à vos recherches.


Astraë : Oui, ils étaient vraiment passionnant, merci.

Comme à son habitude, elle tâche au maximum de cacher son étonnement de me voir revenir aussi tôt avec le nombre de livres que j’emprunte mais je n’y peux pas grand-chose, ma curiosité prend le pas sur le raisonnable et puis c’est vrai, ils étaient vraiment passionnant ces livres.

Une fois les livres rendus, je traverse la bibliothèque pour aller directement au rayon botanique. Je ne cache pas mon étonnement d’y voir une autre élève adossée à une étagère livre un livre du rayonnage. Je perds rapidement mon sourire, et me contente de regarder les livres de l’étagère à la recherche d’un livre en particulier.

Angélique m’a parlé de ce livre il y a un moment. Il parait qu’ils en ont parlé en cours de potion. C’est un ouvrage assez rare qui traite des plantes aquatiques et terrestres que l’ont peu retrouver autour du manoir, rédigé par un ancien botaniste qui a étudié ici, au Manoir.

J’affiche une petite moue, je ne le trouve nulle part. Instinctivement, je regarde la rouquine qui se trouve dans le rayonnage. Je la dévisage sans aucune retenue, percutant alors qu’elle tient entre ses mains l’objet de ma convoitise.

Et merde.

Après avoir rapidement pesé le pour et le contre je finis par m’approcher de cette jeune fille que, ma foi, je n’avais jamais vu de ma vie. Je dégluti avant de prendre mon courage à deux mains.

Astraë : E-excuse-moi de te déranger mais…

Je dégluti une nouvelle fois. Ca ne se fait pas vraiment de que je viens de faire. Je devrais simplement attendre mon tour.

Je soupire. Bien entendu, elle ne peut pas se douter que le souci ne vient pas de là où elle se trouve mais du livre qu’elle tient entre ses mains. De toute évidence, elle ne lit pas dans les pensées celle-ci. Bon sang Astraë, assume ce que tu veux pour une fois.

Je passe ma main sur ma nuque, mal à l’aise. Je ne peux pas simplement lui demander le livre, elle était là avant moi après tout. Peut être qu’elle compte simplement consulter le livre et attendre serait la bonne solution.
Je soupire une nouvelle fois avant de me résigner à regarder les autres livres de la section.

Je vais attendre qu’elle ait fini avec. J’espère que la chance est de mon côté et qu’elle est simplement en train de consulter.


Au bout de 5 minutes de recherche assidue, je fini par dénicher deux/trois petites perles rares. Je suis assez satisfaite de ma dernière trouvaille d’ailleurs. C’est un livre qui traite des minéraux marins comme le corail, et de leurs effets sur la santé. Je sens que celui-là je vais l’aimer d’amour. Les deux autres aussi d'ailleurs. Il y en a un qui traite également des minéraux mais qui est plus centré sur les pierres semi-précieuses et le magnétisme. Le dernier, lui, parle des pratiques médicinales au Moyen-Age. C'est la suite d'un livre que j'ai emprunté la dernière fois qui parle en réalité

Je jette un coup d’œil discret à l’élève qui semble toujours aussi plongée dans le livre que j’attends impatiemment. Je sers les livres contre ma poitrine et prendre une grande inspiration.

C’est le moment d’essayer d’être sociable ma vieille. Elle va pas te bouffer, elle a pas une tête a vouloir te bouffer le sang.

Je toussote légèrement, me plantant devant elle, et tente d’afficher un sourire qui se veut cordial. C’est peine perdue, il doit sonner tellement faux, mais c’est le mieux que je puisse faire.

Astraë : Tu comptes l’emprunter ?

J'espère ne pas avoir l'air malpolie où je ne sais quoi, c'est simplement un des rares livres de la bibliothèque qui n'existe qu'en un seul exemplaire. Il parait que c'est un ouvrage entièrement écrit à la main et illustré par l'auteur lui-même.

Je n'ai pas beaucoup lu de livre de ce botaniste, mais je sais qu'il est passionnant et qu'on ne se lasse pas de le lire. Je me sens mal maintenant de lui poser cette question qui implique que j'espère qu'elle dise non. Après tout c'est peut être juste une fille comme moi qui s'intéresse beaucoup à la botanique.

Je baisse alors regard, attrapant délicatement le livre pour le caller contre ma poitrine, les bras légèrement serrés dessus. Je me sens quand même assez mal pour elle. Ce n’est juste pas correct de ma part. Je sais que si quelqu’un m’avait fait ce coup, je n’aurai pas accueilli cet énergumène avec le sourire. Je ne suis pas commode quand on me coupe dans mes recherches.

Je l’entends alors me répondre qu’elle ne lit que par curiosité. Alors comme ça elle s’intéresse aux plantes ? C’est peut-être une sorcière qui maîtrise la phytokinésie, comme Candy. Je relève légèrement le regard. Peut-être qu’il s’agit simplement de quelqu’un comme moi qui s’intéresse à la botanique et aux effets des plantes.

Si j’en ai besoin pour les cours ? Pas réellement non. Comme elle le dit si bien, c’est pour satisfaire un besoin, pour étancher ma soif de connaissance. Depuis que je suis les cours de botanique c’est de pire en pire d’ailleurs.

Astraë : Merci… Et non, ce n’est pas vraiment pour les cours, plus pour des connaissances personnelles on va dire.

Je relève la tête pour la regarder droit dans les yeux. Je me demande quelle est la probabilité pour qu’elle soit férue de plantes et qu’on puisse échanger à ce sujet ? Elle est faible, très faible. Ça doit probablement être une phytokinésiste en mal de comprendre son pouvoir.

Je prends alors enfin la peine de la détailler physiquement. Elle n’a pas l’air beaucoup plus jeune que moi, bien que de toute évidence elle ne soit pas de dernière année. Je lui donnerai tout au plus 16 ans. Elle a des cheveux roux qui lui tombent sur le visage et un sourire qui mettrait en confiance n’importe qui.

J’ai toujours eu du mal avec les personnes souriantes. C’est souvent ces personnes qui promettent monts et merveilles, avec une pseudo sincérité mais qui finissent par rester par intérêt ou par vous la mettre à l’envers. Il n’y a qu’en fréquentant ce genre de personnes qu’on fini par savoir s’ils sont honnêtes ou de vulgaires profiteurs.

Je la regarde avant de finalement me décider de lui poser la question.

Astraë : Tu t’intéresses aux plantes ?

On ne sait jamais, sur un malentendu on a peut-être les mêmes goûts, je ne serai pas contre une personne avec qui partager ma passion. Les filles ne sont pas dans le délire, même Candy a tendance à m’envoyer balader quand j’en parle.