[EventPandémie][OUVERT] Attrapes-moi si tu peux !

Je saute au-dessus d’un tronc qui me bouchait le passage, nerveuse. Cette histoire de perte de pouvoirs ne me rassure pas vraiment, bien au contraire. J’ai longtemps considéré le fait d’être une kinésiste comme une malédiction, ou plutôt comme une punition de dieu pour un péché que j’aurais pu commettre – comme d’aimer le fiancé de ma grande sœur – mais avec le temps j’ai appris à l’aimer, et puis l’institut est ma maison. Ça me trotte dans la tête cette histoire, encore plus depuis l’article paru dans l’Annonceur l’autre jour ! Comment peut-on être mauvais au point de faire du mal à une autre personne… ?

Il y a eu un débat hier dans la cour intérieure. L’annonce est tombée, M. Affrit veut faire fermer l’établissement et renvoyer les élèves et professeurs chez eux. J’ai été en colère oui. Il n’a visiblement pas pensé à tous ceux qui n’ont pas de maison, qui sont orphelins comme moi et vivent toute l’année au manoir. Naturellement, j’étais de la partie pour aller voir le directeur, j’avais mon mot à dire moi aussi ! Il y a des disputes de partout dans les couloirs. Les élèves s’énervent et les adultes ne savent plus où donner de la tête.

Rapidement l’idée d’aller à la rencontre des fées pour les confronter à leur stupidité est née dans la tête de nombreux élèves. Même si les adultes nous le l’ont interdit, pour certains nous sommes majeurs et libres de nos mouvements. Une liste a circulé discrètement dans les couloirs pour former des groupes de recherche. Il parait que c’est même un adulte qui l’aurait lancée. C’est comme ça que je me suis retrouvée à marcher nerveusement dans la forêt sous ma forme animale à la recherche des fées.

Pourquoi sous ma forme animale vous me direz ? D’après mes livres, les fées ont plus confiance en les animaux et se montrent plus facilement à eux. C’es tordu, mais c’est probablement notre seule chance de les approcher. Je crois avoir averti tous les hybrides qui se sont mêlés au groupe de recherche pour que tous se transforment. Nous fonctionnons par groupes de quatre : deux hybrides et deux kinésistes. Pendant qu’en tant qu’hybrides on attire les fées, les autres auront pour charge de nous suivre de loin pour arriver au moment idéal pour en capturer une ou deux afin d’avoir des informations sur la localisation de leur village.

Je n’approuve pas ce plan, vraiment pas, mais aux grands mots les grands moyens comme on dit. C’est elles qui ont commencé après tout !

Aleandro profitait du temps clément et de la forêt déserte pour vider consciencieusement une bouteille. Il avala une énième gorgée et fixa d'un œil critique le récipient déjà moitié vide. Il devrait probablement ralentir la cadence s'il comptait la faire durer toute l'après-midi. Il ferma les yeux et se renversa contre le tronc de l'arbre au pied duquel il s'était installé, profitant du calme ambiant. Au Manoir les couloirs étaient emplis de cris, certains en venant même aux mains et le professeur n'avait aucune envie d'y retourner pour se voir assigner des tâches de maintien de l'ordre. Que les élèves s'écharpent entre eux s'ils le voulaient, tant qu'ils le faisaient loin de lui.

Le silence de la forêt fut bientôt brisé par un bruit de présence humaine : des pas et des chuchotements. Aleandro bondit sur ses pieds et entreprit aussitôt de se dissimuler derrière la végétation avoisinante : il n'avait aucune envie qu'on le découvre et le renvoie s'occuper de la situation au Manoir. Échangeant un regard avec Absinthe qui venait de sortir la tête d'un buisson voisin, il lui intima de se tenir tranquille alors que les présences se rapprochaient.

Risquant un regard depuis sa cachette, il eut la surprise de constater qu'il s'agissait de deux élèves - du moins leur âge le laissait supposer, Aleandro n'allant certainement pas pousser l'effort jusqu'à connaître le visage de tous les résidents du Manoir - qui avait un comportement pour le moins suspect. Allons bon ! Qu'allaient-ils faire dans cette partie de la forêt, semer le trouble dans les couloirs de l'établissement ne leur suffisait-il donc pas ?

Aleandro fixa sa bouteille quelques instants, puis dans soupir il la rangea et entreprit de prendre en filature les deux étudiants. Quoi qu'il manigancent - ils n'avaient certainement pas l'air d'être là pour un innocent pique-nique - il était de son devoir de professeur de le découvrir et de les renvoyer promptement au Manoir, là où ils ne risqueraient pas de le déranger davantage.

Derek avança dans la forêt, transformé en lynx. Un beau lynx crèmes, brun, roux, bref un lynx qui se font absolument pas au décor. Puis dans une forêt privative on va dire, tout ce qui a de naturel hmhm.
Il les avait pourtant prévenus que c’était sûrement pas la meilleurs façon pour lui d’approcher ses maudites fées.
Pour lui, l’idée était plus que claire, trouver la source. Et même si ce n’est pas les fées la source, il donnerait corps et âme pour qu’elles les aides à trouver.
Même si on l’avait prévenu, qu’elles sont d’un naturelle méfiant, et que c'est d’ailleurs bien pour cela qu’il fallait être transformé en animal. Derek n’en voulait pas moins démontrer qu’il n’était pas réellement là pour rire.
Il en était même déterminé. Donc leurs méfiance lui passait au dessus.

Il avait lu le journal, il avait lu que le Manoir allait fermer. Et cette idée le mettait en rage. Où diable allait-il aller? C’était pas sensé être leurs maison ?
Derek grogna dans sa barbe durant l’espace d’un instant, attentif aux moindres mouvement et son.
Il était non loin de sa coéquipière, Astraë, mais pas proche non plus. disons que quelque mètre les séparent, parce qu’il était bien beau de faire copain copain avec une biche, un cerf, peut importe. Il en restait pas moin un lynx.

Ils cherchaient des Fées. Créature dont Derek ignorait l'existence, il en avait jamais vue de sa vie, et ne savait même pas s’il elles habitaient dans les alentours du manoir.
Il lève les yeux sur les courbes de sa camarade, puis lui chuchote sans retenu.

Derek : Elles existent aux moins? t’en a déjà vu toi ?...