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L'amour chez les grecs (ft. Jeanne Maillard) [Salle Commune]

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Lun 30 Mar - 0:30
Chaque mois, les souvenirs ressortaient du placard. Il y avait forcément ce jour là, où, stimulée par un rêve un peu différent, la demoiselle se retrouvait à se remémorer une vie passée. Une vie laissée. Combien d’années déjà ? Là était tout le mystère. Sept ans peut-être, ou bien seulement cinq. Pourtant, l’adolescente avait souvent l’impression que cela datait d’une vie passée, ou bien d’hier. Jamais de juste milieu. Certaines fois, elle semblait comme anesthésiée face au souvenir. D’autres fois, la douleur semblait s’emparer d’elle. Comme si son coeur lui était arraché, comme si une partie de son être lui manquait. Aujourd’hui, elle semblait totalement dépourvue de sensations. Assise sur le bord du lit, elle tenait difficilement une photo entre ses doigts. Son regard semblait figé sur celle-ci, et pourtant tellement vide. Sur ce rectangle coloré, deux petites filles statues. Ou peut-être était-ce un montage, car les deux semblaient identique. Une illusion, une entourloupe. Des cheveux longs d’une beauté inouïe, d’un brun profond. Des yeux plissés dû à un immense sourire. Les fillettes semblaient être formées d’un seul et même bloc, comme si les deux statues de marbre n’en étaient en fait qu’une seule. Elles semblaient si jeunes, si souriantes. Si inexpressive, l’adolescente semblait parfaite inconnue. Pourtant, c’était bien elles sur la photo. Oui, elles. Sur ce petit rectangle, ce petit moment immortalisé, c’était bien Daiya et sa sœur Mitsuki.
Mitsuki. Lumière de l’espoir, ils disaient. Un soupir passa la barrière de ses lèvres. Au fond, est-ce qu’elle avait réellement réalisé ? Avait-elle réellement fait son deuil, ou avait-elle enterré ses souvenirs en même temps que le corps de sa sœur ? Complexe à savoir, lorsque la demoiselle refusait de se prononcer, ou même de penser à ce fait. La réponse était bien claire, seulement, se voiler la face rester la solution la plus simple lorsque les choses sont difficiles à admettre, ou bien seulement voir. En un geste totalement détaché, la brunette rangea la photo dans le tiroir de sa table de chevet, au chaud avec beaucoup d’autres souvenirs, dont elle pourrait avoir terriblement besoin brusquement. Comme ça, c’était auprès d’elle, si jamais. En cas de terrible urgence.

Sans se poser trop de question, elle quitta la pièce, comme trop surchargée d’énergies. Dès que la pièce fut quittée, son sourire vint de nouveau s’accrocher à ses lèvres rosées. Comme si d’un coup d’un seul, tout allait mieux. Alors elle traversa les couloirs du dortoir, sans réellement savoir où aller. Elle était dans l’une de ces rares journées, très rares, où elle était amorphe sur les bords. Peut-être même faisait-elle les choses sans les réaliser. Elle semblait un peu automate sur les bords, comme programmée à son insu. Comme si le maître de ses actes était tout autre qu’elle. Son regard semblait se perdre ici et là, se promenant sur les différents envahisseurs de ces couloirs.
Daiya, c’était la fille au constant besoin de contact. C’était presque comme si ce contact la rassurait. Elle avait toujours eu besoin de ça, comme si c’était un moyen de survie. Parler, parler. Aimer. De nature très sociable, elle ne connaissait pourtant pas tant de monde ici. Cela l’attristait quelque peu. Le contact, pur et dur. L’humanité.

Alors à la recherche désespérée de ce contact, elle se dirigea sans trop de convictions vers la salle commune de la maison. Avec un peu de chance, ne serait-ce qu’un peu, elle croiserait quelqu’un. De quoi faire une conversation rapide, quelque chose. Construire un bout d’une journée un peu banale à deux, à trois, ou plus. Et une fois qu’elle poussa la porte, un immense sentiment de soulagement s’empara d’elle, parcourant tout son corps pour venir se loger au creux de son ventre, créant une petite boule agréable. Le sentiment d’être plus légère, de presque pouvoir sentir ses pieds seulement effleurer le sol. Son regard balaya rapidement la salle. Au loin, elle repéra une jeune fille, aux longs cheveux bruns. Une peau pâle, parsemée de quelques taches de rousseur plus que charmantes. Sa peau semblait couleur lait, peut-être même aussi douce et froide que celui-ci. Ses cheveux tombaient en cascade sur son dos, et elle semblait seule, dans un coin. Elle la reconnaissait, cette jeune fille. Quelques fois, elle avait eu l’occasion de lui adresser quelques mots. Elle était définitivement aussi douce que ce que sa peau semblait l’être. Un immense sourire se dressa sur les lèvres de l’adolescente, déjà prête à aller rejoindre sa camarade, sans même songer au fait qu’elle pourrait, malheureusement la déranger. Elle s’en approcha doucement, les mains liées comme une enfant. Daiya était rarement égoïste. Toujours elle se demandait si elle était bien la bienvenue. Mais ce jour-ci, elle avait besoin de penser à elle. Un peu. Une fois suffisamment proche de sa cadette, elle agita légèrement sa main, comme pour appuyer d’un geste sa parole suivante : « Hello ! Je me suis permise de venir t’embêter un peu, je t’ai vue toute seule alors je me suis dis que tu serais peut-être mieux avec un peu de compagnie ! » Comme pour la supplier, l’élue sembla lui faire les yeux doux quelques secondes. Jeanne et elle, ce n’était pas la plus folle des histoires d’amour. Elles se connaissaient relativement peu, pour ne pas dire que Daiya ne connaissait quasiment rien de la Sorcière. L’inverse marchait également d’ailleurs. Pourtant, l’élue appréciait sa cadette. Elle trouvait sa compagnie agréable, quand bien même elles n’avait point réellement passé de temps ensemble. Cela avait toujours été l’affaire de quelques minutes. Comme si elle n’attendait pas l’approbation de la jeune fille à ses côtés, elle appuya son dos contre le mur, et pour ne pas laisser un silence s’installer, elle demanda : « Comment tu vas ? »
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Daiya Mori
Qilinhorn
Daiya Mori
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Daiya Mori
Mar 31 Mar - 0:11
Jeanne fit un dernier signe de la main à ses parents, leur offrit un dernier bisou en approchant ses lèvres de la caméra puis coupa la communication. Son nouveau téléphone, qu’elle avait reçu pour Noël à la suite de son plongeon dans la rivière, avait un écran gigantesque par rapport à l’ancien, détail qu’elle appréciait lorsqu’il s’agissait de passer des appels vidéo avec ses parents. En dehors de cela, elle trouvait peu pratique d’avoir un téléphone si grand et présentement, elle galérait pour le faire rentrer dans sa poche de jean. Après plusieurs essais, elle le fourra dans son sac et s’affala dans un des canapés de la salle commune des Qilinhorn. A cette heure, il n’y avait personne et elle s’y était installée pour être tranquille le temps de discuter avec ses parents. Son père avait installé un nichoir à mésanges dans le jardin et sa mère lui avait raconté avec une excitation que Jeanne ne comprenait pas l’installation d’un couple de mésanges bleues. Elle avait été beaucoup plus intéressée par les préparatifs du jardin et avait insisté pour qu’ils lui laissent un bout de parcelle rien qu’à elle. Elle avait déjà une idée très précise de ce qu’elle allait y faire pousser la prochaine qu’elle retournerait chez eux.

En attendant, Jeanne laissa sa tête retomber sur le dossier du canapé en poussant un long soupir. Il fallait qu’elle travaille mais elle n’en avait aucune envie. A la place, elle laissa son esprit divaguer. Le jardin de ses parents l’amena à penser aux jardins du Manoir. Elle avait un peu croisé Maximilien durant l’hiver mais pas autant qu’elle l’aurait voulu. Le travail scolaire lui avait pris plus de temps qu’elle ne l’avait envisagé et il finissait le travail vers 16h en hiver, il avait été difficile pour eux de se croiser souvent. Qu’importe ! Elle était déterminée à se dégager plus de temps maintenant que le printemps était arrivé pour passer le plus de temps possible dans les jardins avec le jardinier ! Si Maximilien était d’accord, elle voulait faire pousser plein de plantes à fruits : des fraises bien rouges, des framboises bien sucrées, des mûres juteuses, des groseilles acidulées, du raisin croquant ; et des herbes aromatiques qui pourraient être utilisées en cuisines. Si elle fermait les yeux, elle pouvait déjà s’y voir, déambulant entre les allées vertes, passant ses mains sur les feuillages vert tendre, frôlant les fleurs délicates…

Une ombre passa et Jeanne, tirée de sa rêverie, ouvrit les yeux. L’ombre était une jeune fille qui se dressait devant la sorcière, un grand sourire sur les lèvres. L’ombre s’appelait Daiya. Jeanne avait eu l’occasion de la croiser plusieurs fois et ce qui en ressortait était une indifférence tintée d’agacement. Jeanne ne pouvait pas réellement dire qu’elle n’appréciait pas Daiya mais elle trouvait que cette dernière avait un côté… Un côté trop. Un peu trop exubérante, un peu trop excitée, un peu trop énergique au goût de Jeanne. Presque comme si elle reprochait à l’élue d’être trop heureuse. Ce qui n’était sûrement pas le cas, on ne pouvait définitivement pas être trop heureux mais Jeanne se disait que la compagnie de Daiya devait être un peu fatigante.

Pendant une demi-seconde, Jeanne eut envie de répondre « Pourquoi penses-tu que ma propre compagnie ne me suffit pas ? ». Cependant elle ne pouvait nier que, aussi plaisant qu’ait été son petit rêve éveillé de jardinage, elle préférait être accompagnée que seule. Elle enviait d’ailleurs beaucoup Margaret et sa capacité à se satisfaire de sa propre compagnie, car cela n’était en réalité absolument pas son cas. Elle aimait être avec ses proches, même sans parler ou sans rien faire, le simple fait d’être en leur présence la faisait se sentir mieux. Elle accepta donc de bon gré l’intrusion de Daiya.

- Tu ne m’embêtes pas, dit-t-elle pour rassurer Daiya.

« Enfin si un peu mais je n’ai pas envie d’être seule, donc bon… ».

- Ça va bien. Je suis contente que le printemps soit là, j’ai hâte de voir les jardins en fleurs.

Se rendant bien compte que Daiya n’allait pas être satisfaite de devoir poser toutes les questions de cette conversation qui venait de commencer, elle chercha quoi dire ensuite. Elle ne voulait pas demander si l’élue allait bien en retour, c’était trop banal. Elle réfléchit plutôt à ce qu’elle souhaitait savoir sur Daiya.

- J’étais justement en train de réfléchir à ce que j’avais envie de mettre dans les jardins du Manoir ! Si tu me dis quelle est ta plante préférée, je demanderais au jardinier si je peux en faire pousser !

Même un mauvais à priori sur une personne ne pouvait empêcher l’amour de Jeanne pour les plantes de prendre le dessus. Elle avait presque envie d’aller rendre visite à tous les pensionnaires de l’école pour leur poser la même question.
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Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
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Pouvoir : Contrôle des plantes
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Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Mer 1 Avr - 1:27
Parfois, la jeune fille se trouvait égoïste au point de vouloir s’en frapper. Pourtant, elle ne semblait pouvoir s’en empêcher. Il y avait ces fois où son côté humain reprenait le dessus. Parce qu’elle ne pouvait pas toujours jouer à la petite fille parfaite, quand bien même elle tentait. C’est ainsi qu’on lui avait apprit à grandir, à la mort de sa sœur. Parce qu’il n’y avait plus personne pour être l’exemple. Elle n’avait plus eu personne sur qui se caler. Alors elle avait prit en quelques sortes sa place. Mais elle échouait. Constamment, elle échouait. Parce que l’équilibre de la balance était détruit, le poids résidait désormais d’un seul côté. Alors Daiya était trop lourde. Elle était trop tout. Trop de contradictions, trop d’émotions. Trop en une seule personne. Daiya était un amas. Une seule personne en habitait deux. Daiya était trop. Le pire était sûrement qu’elle le savait. Mais voilà, la balance était cassée. Elle attendait désespérément que quelqu’un vienne combler le vide laissé, que quelqu’un lui tende la main, alors même qu’elle n’avait point réalisé à quel point cela avait de l’importance. Si en réalité, Daiya était trop, qu’elle semblait envahissante et l’était véritablement, si sa joie était plus étouffante que rayonnante, c’était seulement pour masquer ce qu’il se trouvait au fond.

Daiya savait au fond d’elle qu’elle dérangeait sa camarade. Pourtant elle avait cédé à la démangeaison. Cela avait été plus fort qu’elle et sa volonté. Volonté quasi inexistante par ailleurs. Peut-être qu’elles pourraient passer un bon moment, toutes les deux. Peut-être que l’élue pourrait lui apporter quelque chose. C’était là tout ce qu’elle voulait, tout ce qu’elle espérait. La jeune fille voulait seulement apporter, donner. Parce que pour elle, c’était ça l’amour. Donner sans jamais rien attendre en retour. Quel que soit l’amour, donner avait son importance. Pour elle, il en était la base. Alors à la réflexion de sa camarade, ses lèvres s’étendirent pour prendre un peu plus de place sur son visage pâle, en un sourire maladroit. La maladresse. Voilà bien un trait qui rongeait la demoiselle, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Le seul terme de maladresse pouvait la définir entièrement.

Soudain, comme sorti de nul part, un sentiment de culpabilité s’empara d’elle. Comme si elle prenait conscience d’un coup d’un seul que sa présence pouvait ne pas être la bienvenue. Alors elle murmura un « désolée », à peine audible. Puis, elle la laissa parler, répondant à sa question. Son sourire vint s’agrandir. Jeanne était donc une fille de la nature. Elle aimait donc les plantes, les fleurs, le printemps. Mais aimait-elle l’odeur qu’il avait ? Appréciait-elle la douceur qu’il offrait ? Les rayons de Soleil, qui ne brûlaient pas encore ? Elle n’en doutait pas. Le printemps, c’était grandiose. Observer les bourgeons éclore à une vitesse incroyable, à tel point qu’on a pas eu le temps de bien profiter de s’impatienter. Le monde devient tout coloré, les plantes teintent les environs, dans de chaudes et vives couleurs qui ravissent l’oeil. Et alors, sans même grande conviction que sa camarade attende une réelle réponse de sa part, elle lui répondit : « J’ai l’impression que c’est l’évènement le plus attendu. » Parce que c’était réel. Après l’hiver, qui n’attendait pas le printemps pour un peu de gaieté ? Qui n’accepterait pas un peu de couleur dans le paysage terne de l’hiver ? Une à une les saisons se volaient la vedette. Et pourtant, si même toutes avaient leur place, certaines semblaient plus attendues que d’autres. Le printemps semblait être comme la reine du bal. Ou bien le roi, ne savait-on jamais.

Ses iris se firent plus grande, lorsque la Sorcière prononça de nouveaux mots. Non pas que ce fut étonnant de sa part, seulement… un peu ? Cette demande n’était pas tellement habituelle. Et puis, les deux jeunes filles n’étaient pas réellement proches. Une douce chaleur envahit la poitrine de la jeune fille, réchauffant tout son corps. Peut-être que cela ne voulait rien dire, du côté de sa camarade. Cependant, Daiya y avait vu là une belle main tendue. Elle sembla alors perdue dans ses réflexions, comme si la question était de la plus haute importance. Cela l’était un peu, comme si la réelle première impression se ferait à un nom de plante prononcé. Puis, finalement, c’est sans hésitation réelle qu’elle répondit.

« Tu ferais ça ? C’est adorable ! J’adore les hymenanthes. Je sais pas si tu connais, mais c’est des petites fleures toutes mignonnes. Mais alors, tu as la possibilité de toucher au jardin ? Je savais pas que c’était possible ! Tu t’en charges dans sa totalité, ou d’autres personnes t’aident ? »

L’adolescente se laissa glisser contre le mur, pour s’asseoir. Elle était réellement intéressée par cette conversation. Les plantes, bien qu’elle ne s’y connaisse pas réellement, cela la fascinait. Au japon, les plantes signifiaient énormément. Quelque chose qu’elle n’avait point retrouvé ici, et c’était bien dommage. Peut-être allait-elle le retrouver avec Jeanne, qui sait ? Cela lui rappellerait peut-être des souvenirs, encore. Encore et toujours les souvenirs en première ligne. Ils n’étaient pas tous mauvais, cependant. La jeune fille observait les traits de sa camarade. Elle n’avait pas réellement l’air ouverte, pourtant, elle semblait faire un réel effort. Pas qu’elle semblait totalement froide ou fermée, loin de là. Mais Daiya sentait quelque peu le dérangement. Cela ne l’importunait pas tant. Elle savait, elle savait que parfois, elle était trop et de trop. Et elle partirait sûrement si l’occasion se présentait, si elle sentait qu’elle n’était plus du tout la bienvenue. Ou peut-être pourrait-elle seulement user de son pouvoir… quand bien même elle ne pensait pas qu’il était une solution en lui-même. Pour ne pas laisser la conversation en suspens, pour ne pas installer de gêne, et avant tout parce qu’elle était réellement intéressée, elle se permit de demander :

« Tu as l’air grandement intéressée par les plantes… est-ce que c’est indiscret si je te demande pourquoi ? Et ce que ça représente pour toi ? Je suis juste curieuse, et tu peux me dire sans soucis si ça te dérange. »
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Daiya Mori
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Daiya Mori
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Daiya Mori
Mer 1 Avr - 16:13
Jeanne hocha la tête quand Daiya mentionna que le printemps était l’évènement le plus attendu. C’était vrai, au moins par elle. Il n’y avait pas grand-chose qui, à ses yeux, ne pouvait battre le plaisir de voir la température remonter, de voir les bourgeons apparaître sur les tiges nues et enfin, rien, ou presque, ne surpassait la sensation de joie qu’elle éprouvait lorsqu’elle sortait dehors au mois d’avril et que partout, le vert tendre des nouvelles feuilles envahissait son regard. C’était, de loin, la couleur préférée de la sorcière.

Jeanne repensa à sa première rencontre avec Maximilien. Effectivement, elle ne savait pas non plus s’il était officiellement autorisé aux élèves de s’occuper du jardin. Elle s’était donné la permission toute seule et puis, Maximilien avait accepté son aide donc cela devait vouloir dire que cela ne posait pas de problèmes. L’étonnement de Daiya arracha un sourire à Jeanne.

- Oula, non, j’aide juste le jardinier de temps en temps. Avec les cours et les devoirs, ça serait mission impossible de devoir m’occuper des jardins seules, répondit-elle alors que Daiya s’asseyait par terre. Mais je peux faire des propositions ! Les hymenanthes, c’est une sorte de rhododendron c’est bien ça ? Il me semble qu’il doit déjà en avoir un dans les jardins mais je peux demander pour en ajouter un autre d’une couleur différente. J’aime beaucoup ceux qui ont les fleurs rouges personnellement.

La sorcière posait un regard nouveau sur l’élue. La voir assise en face d’elle, si calme et avec un air si doux, cela contrastait nettement avec l’image que Jeanne s’en était faite. Mais ne disait-on pas qu’il ne fallait jamais se fier à sa première impression ? Pourtant c’était ce que Jeanne faisait la plupart du temps. Si le premier contact était bon, elle laissait volontiers l’amitié s’installer, sinon, elle se désintéressait de vous. Elle se satisfaisait des amis qu’elle avait déjà et quand bien même elle n’en avait pas, elle avait si bien pris l’habitude de laisser les gens venir à elle qu’elle n’avait pas le réflexe de se prendre en main pour faire de nouvelles rencontres. Une chance cependant, elle n’était pas fermée aux changements. Si une personne qu’elle n’appréciait pas venait à lui prouver qu’elle était en réalité quelqu’un de bien, elle révisait son jugement sans hésitation.

Jeanne laissait donc le changement s’opérer, et elle jeta l’image qu’elle avait de Daiya pour faire de la place à une nouvelle. Serait-elle meilleur que l’ancienne ou pire, cela dépendait de la conversation.
Avant de répondre à la seconde volée de questions de l’élue, Jeanne tapota le canapé à côté d’elle.

- Ne reste pas par terre, vient t’asseoir si tu veux.

Puis elle se laissa un temps de réflexion. Pourquoi aimait-elle tant les plantes ? Elle ne s’était jamais vraiment posé la question. Aussi loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours eu un attrait pour le monde végétal. Avant de partir pour le Brésil, son activité favorite était d’aider son grand-père maternel à jardinier et à ramasser les fruits de leurs labeurs. Au Brésil, ils habitaient en ville mais elle avait rempli sa chambre de plantes vertes et elle en prenait soin comme si c’était la prunelle de ses yeux. Et puis son pouvoir était apparu et c’était devenu une évidence. Comment ne pas aimer les plantes quand on était une sorcière avec le pouvoir de les faire pousser en quelques secondes ? Et pourtant, Margaret ne semblait pas apprécier plus que cela les flammes, malgré sa maîtrise du feu. Son pouvoir n’expliquait pas tout.

- Je crois que je ne pourrais pas vraiment t’expliquer les raisons de mon intérêt pour les plantes. Juste, quand je suis entourée de plantes, quand je les vois, quand je les touche, ça me rend heureuse. C’est quelque chose qui a toujours été en moi je pense, même avant l’apparition de mon pouvoir. Je peux contrôler les plantes et suis capable de les faire pousser à partir de rien, précisa-t-elle.

Elle marqua une pause, un peu désolée de ne pas avoir réellement répondu à la question de Daiya.

- C’est bizarre d’aimer quelque chose de manière inconditionnelle sans pouvoir se l’expliquer, tu ne trouves pas ?

Jeanne offrit un sourire à Daiya. Elle ne s’était pas attendue à une question aussi personnelle venant de l’élue. Ou du moins, elle n’aurait pas imaginé que la jeune fille puisse ensuite écouter la réponse avec autant d’intérêt. Car Jeanne sentait dans le regard de Daiya que cette dernière n’avait pas posé la question pour être gentille ou histoire de dire quelque chose. La sorcière se sentait presque mal du coup, d’avoir eu envie de repousser Daiya alors que cette dernière n’avait jamais été autre chose que gentille à son égard.

Mais il était temps de rectifier le tir, n’est-ce pas ?

- A ton tour maintenant ! Qu’est-ce qui te passionne dans la vie, et pourquoi ?

Jeanne quitta sa position un peu avachie et se réinstalla plus confortablement pour écouter la réponse de Daiya.
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Jeanne Maillard
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Jeanne Maillard
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Jeanne Maillard
Mer 8 Avr - 19:09
Le vert du printemps laisserait bientôt sa place au jaune rayonnant de l’été. Les plantes qui s’étaient peu à peu construites et formées se trouveraient bientôt dévorées par l’été. A cette pensée, l’adolescente éprouvait déjà une once de nostalgie. La vie n’était en réalité constituée que d’un éternel recommencement. Chaque chose s’éclipsait pour laisser place à une autre, pour le plaisir des uns et le malheurs des autres. Chaque fois que le printemps prévenait de son éclipse, chaque fois qu’il glissait lentement vers l’oubli pour près d’une année, l’élue ressentait une légère vague de tristesse. La balance laissait place au trop. Au trop de l’été, le trop chaud, le trop ensoleillé. Le trop énergique, les soirées s’éternisant, le soleil semblant toujours en avance sur le temps. Le changement était un réel bienfait. Seulement, ce changement là paraissait toujours trop brutal pour la jeune fille, adepte de la douceur.
 Chaque seconde qui s’écoulait semblait laisser la fin s’approcher. Et même en pleine discussion avec sa camarade, elle ne pouvait s’empêcher de songer à lorsque ce serait terminé. Peut-être cela l’empêcherait de profiter, ou bien peut-être que cela lui donnerait davantage l’opportunité de savourer l’instant. Peut-être était-ce cela, car il était possible de noter que son sourire paraissait gravé. Il refusait de s’effacer. L’élue semblait comme envoûtée par les paroles de sa camarade. Qui aurait pu croire qu’elle y porterait tant d’intérêt ? Elles n’étaient pas les meilleures amies du monde, pour sûr. Elles ne se côtoyaient pas non plus comme de réelles amies, du moins, elles ne s’étaient jamais côtoyées comme telles. La brune avait le sourire facile, mais cette fois, c’était un peu différent. Elle semblait apaisée par une simple discussion, exactement comme si son trop plein de tout était absorbé.

« Tu m’étonnes oui, c’était une question bête désolée. Ca doit être vraiment génial ! Ca a l’air ressourçant, de s’occuper des plantes. »
Un bête sourire vint se poser sur ses lèvres, lorsqu’elle put remarquer que Jeanne connaissait ces fleurs. Elle devait d’ailleurs en connaître un rayon, Daiya n’en doutait pas. Une mince chaleur envahit son coeur, presque comme si elle se sentait consolée par ce qu’elle venait d’entendre. « C’est ça, oui ! Les rouges sont mes préférées aussi, et je ne crois pas en avoir vu dans les jardins. Je me trompe peut-être, mais je te serais très reconnaissante si tu pouvais demander d’en ajouter ! »

 C’était étrange, de se retrouver là à ses côtés. Loin d’être désagréable, mais loin d’être habituel. Est-ce que c’était cela, faire connaissance ? Parler de tout et de rien, en se rendant compte de ses points commun ? Pour une personne sociable, Daiya avait tendance à oublier le schéma à respecter. De par son trop, de par son côté trop envahissant, elle avait tendance à oublier que discuter était une possibilité. Que oui, il était possible d’être calme, posé, et de ne pas parler de choses futiles pour fuir la réalité comme l’enfant qu’elle était. Face à elle se trouvait une jeune fille de quinze ans, qui semblait déjà bien plus renseignée sur la vie et ses dessous que l’adolescente de dix-sept ans qu’elle était. Question de maturité, ou bien de conscience ? Peut-être les deux notions étaient-elles liées. Peut-être était-ce inquiétant, seulement l’élue ne pouvait s’en rendre compte, si elle refusait de le voir. Elle pouvait bien admettre que sa camarade possédait une certaine maturité, mais cela résonnait creux au fond d’elle.
 A son invitation, elle vint s’installer sans un mot sur le canapé. Elle avait simplement hoché la tête, comme un remerciement muet. Et de manière toute aussi muette, elle écouta les paroles de la Sorcière, sans même acquiescer. Seulement une écoute, comme il en manquait parfois. Sans jamais la couper, ou même faire de geste qui pourrait la distraire durant son court monologue. Jeanne avait l’air d’une adolescente passionnée, et c’était plus que plaisant. Le bonheur d’un être était la plus belle chose, aux yeux de Daiya. Le sourire d’autrui, c’était ça qui la rendait réellement heureuse. Voilà pourquoi elle se donnait tant de mal, à constamment vouloir répandre son énergie et son bonheur. Sûrement de la mauvaise manière, mais elle essayait. Et savoir qu’une chose, qu’importe soit-elle, procurait du bonheur à un être, qu’importe sa nature, cela lui faisait chaud au coeur. Parce que certains n’avaient point la chance de connaître la douceur du bonheur, ou du moins, n’avaient point encore eu la chance de l’effleurer. Alors, lorsque la jeune fille qui se trouvait à ses côtés lança une question, Daiya se décida enfin à parler, ayant attendu qu’elle ait bien terminé.
« Tu as vraiment l’air d’une fille passionnée, c’est merveilleux. Si tu sais que c’est ce qui te rend heureuse, alors n’arrête jamais d’y baigner. » Avait-elle réellement des mots, pour répondre ? Pour dire quoi que ce soit ? Pas tant. Elle n’éprouvait aujourd’hui point l’envie d’encombrer la conversation de mots qui n’étaient pas sincères, et n’avait pas non plus envie de se forcer à dire certaines choses : tout était naturel. Elle réfléchit un temps à la question posée, avant de reprendre. « C’est bizarre, oui. Je crois que l’amour, c’est tout bonnement un sentiment qui est pas explicable. Dans le sens où il est pas universel, tu peux pas réellement expliquer ta vision de l’amour ni pourquoi tu aimes, personne ne le comprendra de la même manière. »

 Le sourire de sa camarade réchauffa un peu plus son coeur. Elle l’attendait. Ce qu’elle n’attendait point en revanche, était la nouvelle question de la sorcière. Pas qu’elle n’avait point l’habitude que l’on s’intéresse à elle, seulement elle n’avait jamais songé à répondre à cela. Il y avait bien des choses, qui animaient l’immense feu de son être. L’immense flamme tant étouffante pour les autres.  

« Je crois que y a beaucoup de choses. J’ai beaucoup d’affection pour la littérature. Enfin, plus la lecture que la littérature, parce que j’y connais pas grand-chose. Je sais pas, j’aime bien les histoires. Ca me donne l’impression de plonger dans une autre vie, tu vois ? J’ai pas de difficulté à m’imaginer les choses, alors j’ai vite la sensation d’être en plein dans le livre que je lis. Je pourrais pas te dire d’où ça vient. J’aime juste beaucoup ça. Je trouve ça un peu apaisant. Sinon, ma deuxième passion numéro une, c’est les gens. »
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Daiya Mori
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Daiya Mori
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Daiya Mori
Jeu 9 Avr - 17:19
- Va pour les rouges alors !

Jeanne regarda Daiya s’installer sur le canapé. Alors qu’elle répondait à la question de l’élue, elle en profita pour la détailler. Jeanne fut surprise de constater que Daiya était bien plus petite qu’elle et toute menue. Elle ne l’avait jamais remarqué, comme si l’énergie débordante de Daiya compensait son petit gabarit et qu’elle prenait dans l’esprit des gens bien plus de place que de la réalité. A la voir ainsi, toute silencieuse et immobile, Jeanne en vint même à se demander comment elle avait pu la trouver agaçante.

La sorcière haussa les épaules à la remarque de Daiya sur sa passion. Elle ne savait pas si c’était merveilleux. Sa passion des plantes lui apportait énormément de bonheur et donnait sans aucun doute un sens à sa vie, mais une passion, ça pouvait être dévorant aussi. Ça pouvait prendre tellement de place que ça en deviennait douloureux et que vous ne souhaitiez qu’une seule chose : que la passion disparaisse. Le visage de Jeanne se crispa un instant, son sourire chaleureux se figea de manière fugace. Les paroles de Daiya sur l’amour entraînèrent ses pensées vers une autre de ses passions, bien plus récente, bien plus dévorante, bien plus douloureuse. Une passion qu’elle ne s’expliquait pas non plus, qui ne serait jamais assouvie, dans laquelle elle refusait de se baigner, et qui devait disparaître !

Jeanne se contenta donc d’acquiescer d’un mouvement de tête. Après tout, elle avait posé la question de manière rhétorique, sans vraiment attendre de réponse. Elle força ensuite son esprit à se vider de toutes pensées parasites afin d’accorder toute son attention à la réponse de Daiya.

Les histoires ! Maintenant que Daiya en parlait, Jeanne se rappela que l’élue suivait elle aussi l’option Contes et légendes. Elle l’avait oublié. Il fallait dire qu’elle était une des seules cinquièmes années à suivre cette option, donc elle avait pris l’habitude de se mettre seule sur sa table sans faire trop attention aux autres élèves. En y réfléchissant, elle avait dû se forger sa mauvaise opinion de Daiya lors des présentations du premier cours… Jeanne se dit qu’il pourrait être agréable de s’installer à côté de l’élue la prochaine fois.

- Alors je dois avouer que je lis très peu de romans, et souvent, c’est parce qu’on m’a harcelé pour que je les lise… J’ai dû mal à m’immerger dans un livre, contrairement à toi. Mais j’envie les gens qui ont cette capacité.

Le seul livre présent sur sa table de chevet était le livre qu’ils devaient lire pour Contes et légendes justement, et cela faisait plusieurs mois qu’elle était dessus. Elle n’avançait pas, trouvant toujours un prétexte pour faire autre chose. Et avec le printemps qui était là, cela n’allait pas s’arranger. Elle n’était même pas sûre de réussir à le terminer avant la fin de l’année.

- C’est marrant, tu as tellement l’air pleine d’énergie tout le temps, je ne t’aurais pas imaginé comme quelqu’un qui apprécie se poser pour lire un bon livre.

Le contraire de Jeanne, qui avait l’air de quelqu’un de très calme alors qu’elle aimait être occupée tout le temps, et préférait passer du temps dehors à bouger qu’être assise pendant des heures.

- Comment ça les gens ? Tu veux dire que tu aimes étudier les gens ? Ou que tu aimes les gens en général ?

Ça, c’était quelque chose qui étonnait moins Jeanne. Elle imaginait parfaitement Daiya comme quelqu’un qui appréciait tout le monde, ou disant des phrases comme « Il y a du bon dans chacun d’entre nous ». C’était peut-être cet optimisme qui avait agacée Jeanne d’ailleurs. Cette capacité qu’avait Daiya s’intéresser à tout le monde, à accorder de l’importance à tout le monde, et qui manquait définitivement à la sorcière.
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Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35155
Localisation : Dortoir Qilinhorn
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