Un véritable refuge pour les êtres surnaturels, venez en apprendre plus sur notre monde et devenez diplômé du Manoir !
 
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le coffret Collection Alakazam-ex ?
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

Etoile de mes yeux, soleil de ma nature [ft. Fletcher Bowman]

 :: Manoir :: La bibliothèque
Mar 17 Mar - 0:00
Les nuages pendaient dans le ciel. La grisaille s’était emparée du site, et une certaine humidité régnait. Un monde partagé entre vague tristesse et tranquillité totale. Le temps semblait se figer sans même qu’on puisse le remarquer. Il se figeait tout en glissant entre les doigts, tout comme du sable fin. Il avait ce goût à la fois amer, et à la fois doux. La subtile séduction de la contradiction. Parfois, dans de très rares moments impossibles à capturer, un rayon de Soleil parvenait à achever sa course, transperçant l’épaisseur abstraite de l’amas de nuages d’un nuancé de gris. Là, sur un rebord de fenêtre, une silhouette. Des traits se dessinant presque parfaitement. Des courbes semblant infinies se posant avec délicatesse sur une seule et même courbe, bien plus légère : des cheveux caressant un dos couvert d’un épais tissus. Un peu plus bas, de fins traits esquissés, saisissant un épais bloc, semblant sans cesse se modifier. Des mains longilignes tenaient avec une ferme douceur un bouquin dont les pages défilaient. La silhouette semblait s’y être attelée avec ferveur. Il semblait s’agir là de bien plus qu’une lecture. Ses yeux bruns suivant les lignes directrices témoignaient de son envoûtement. Plus qu’une histoire, c’était une vie. Des vies.
Contre la peau pâle buttait la lumière du monde extérieur. La silhouette semblait prisonnière d’une cage en verre. Supposée détruire les morceaux de verre, elle en était encore à étudier l’habitat. Se doutait-elle qu’autour de la sphère, nombreux pariaient sur son sort ? Que nombreux l’observaient, tantôt désespérés, tantôt impressionnés ?

L’admiration

Un instant, l’être laissa l’attention s’enfuir. Ses yeux bruns se tournèrent de quelques millimètres seulement vers sa gauche : ce fut déjà la fin. Là, sur cette gauche, une vue imprenable sur ce qu’elle pensait être l’extérieur de la cage. Une immense cour, abandonnée de la foule. La petite verdure des jardins s’imposait face à l’immensité d’un ciel aux couleurs fanées. Au fond de ses yeux, les petites billes d’une noirceur impressionnante doublèrent de volume. Etait-ce futile, d’admettre qu’elle avait une préférence pour ce monde là ? Ce monde qui semblait figé, dont personne n’osait s’affranchir. La calme, la sérénité. Un instant, elle s’englua dans une admiration totale. La silhouette ne bougeait plus d’un centimètre, il semblait même que son souffle était coupé, retenu. Le zéphyr se dessinait, caressait son visage, le glaçant avec délicatesse. Elle aussi, s’était cristallisée. Perdue dans le temps, la pâleur de sa peau paraissait s’être changée en marbre. Seule son iris se mouvait encore, face au spectacle grandiose d’une vie inanimée face à elle. Au plus profond d’elle même, il semblait que le voyage avait été effectué. Sans même bouger, elle avait atterri au milieu de cette verdure d’où le ciel l’observait, la jugeant ridicule. Une étrange sensation s’emparait de son fort intérieur. Un démesuré amour pour la contradiction était né.

L'espérance

En une fraction de seconde, la préoccupation de son esprit se métamorphosa. Les yeux rivés sur sa montre, elle observa que le temps, lui, n’avait point attendu d’invitation pour défiler et se jeter dans la grande rivière du monde. Il paraît que ça coule à flots là-bas. Qu’on ne peut s’y baigner, sous peine de se faire emporter. On raconte que personne n’a jamais survécu au courent. Et ce courent, il l’avait presque emportée. Elle avait plongé sa main dans cette eau pour y goûter, et avait bien vu les fameuses images défiler. Cela avait semblait se déguiser en une fraction de seconde, lorsque cela avait été une éternité. Elle posa avec attention l’ouvrage presque achevé. Au creux d’elle, un nouveau sentiment naissait. Il se développait à une vitesse troublante, sans même qu’elle ne puisse réellement s’y intéresser. Le temps avait coulé ; elle savait. L’heure approchait, et cela se comprenait aux palpitations de son coeur. C’était l’instant, son rendez-vous préféré. Peut-être bien parce qu’il était irrégulier, parce qu’il lui offrait cette parenthèse de surprises dans une vie à mourir. Il pouvait survenir à tout moment, lui et sa belle tête. Peut-être passait-elle plus de temps à s’en impatienter qu’à en profiter réellement. Il entretenait la vivacité de son esprit, le flot de sa pensée. Il entretenait la passion, la douceur. Grâce à lui, grâce à eux, elle se rapprochait sans cesse de la poésie de la réalité. Les maux se transformaient en mots.
L’heure était à la précipitation. L’abandon de soi. Alors, comme si le temps ne passait pas déjà assez vite, elle se rua dans les couloirs, emprunta les escaliers à la même vitesse qu’à chaque rendez-vous, avec la même idée en tête. Chaque fois, elle songeait avoir fait la découverte. Et c’est ainsi que l’amour est né.

Première cristallisation

Elle poussa alors la grande porte en bois, n’omettant pas d’y faire glisser ses doigts. Le bois, c’était vrai. Franc, sec, et à la fois doux. Une nouvelle contradiction née d’un monde potentiellement né d’un paradoxe. La silhouette parcourut alors les allées, à la recherche de son allié. Elle avait toujours droit à ce même plaisir qu’il lui offrait, en ne se plaçant jamais à la même table. Parfois même, elle avait la chance d’arriver avant lui. Chaque instant, le plaisir était différent, mais jamais décevant. Au loin, elle l’aperçut. Ca ne trompait jamais, chaque fois c’était lui. Il avait cette carrure bien à lui. Imposant dans la courbure de son corps, jamais un trait ne trahissait. Selon elle, s’il devait être associé à une forme, il serait la courbe en personne, pour sa poésie.
Ce ne fut qu’une fois qu’elle se trouva face à lui, que vint la concrétisation.

Elle l’irradia d’un immense et chaleureux sourire, avant de s’installer à ses côtés. Ici, on ne s’encombrait pas de banalités. Dans ces instants, il n’y avait pas de temps à gaspiller. Le reste était remit à plus tard, un plus tard inconnu dont les contours n’étaient même pas palpables.

« Je crois que j’ai enfin trouvé. Je crois que j’ai enfin trouvé l’ouvrage qui me fait vibrer, – elle coupa sa phrase d’un léger silence – je crois que j’ai même pas les mots pour te dire à quel point je l’aime. Tu connais peut-être, sûrement d’ailleurs ! La cristallisation, de Stendhal, ça te dis quelque chose ? »
Revenir en haut Aller en bas
Daiya Mori
Qilinhorn
Daiya Mori
Daiya Mori
Age : 21
Espèce : Elue
Pouvoir : Manipulation de la pensée d'autrui
Points : 35023
Daiya Mori
Page 1 sur 1
Sauter vers: