Dim 12 Avr - 22:03 Je réfléchis à toute vitesse, ma main droite dans les cheveux et ma main gauche grattant une énième page de brouillon raturée avec de nombreuses annotations. Aujourd’hui encore on a eu un devoir, monsieur Winthrop semble vraiment attaché à l’idée de nous faire faire une demi-tonne de devoirs sur table. Je finis par prendre une copie vierge que je remplis correctement avec une écriture lisible mon nom, mon prénom et la date. J’y inscrit assez rapidement ma problématique. Elle est assez simple, un vulgaire appui sur la philosophie qu’on retrouve derrière les trois textes d’appui qu’il nous a donné.
Je recopie bêtement le plan avec tous les exemples et les citations que j’ai pu noter sur mon brouillon à une vitesse qui défie les lois de la nature. Je vois l’heure défiler à une vitesse folle, j’ai peur de ne pas avoir le temps de tout écrire. Je me fais surprendre par la sonnerie tandis que j’écrivais mon dernier mot. Je laisse tomber dans mon sursaut un crayon ou deux qui font tourner le regard de mon voisin de table qui me lance un regard narquois que j’ignore magistralement. Je me baisse pour les ramasser et m’attache à remballer mes affaires lentement. J’ai un livre à rendre à monsieur Winthrop.
Je n’ai pas envie de créer de rumeurs stupides, ce n’est une surprise pour pas grand monde que j’aime la littérature et les livres. J’ai arrêté cette option que parce que je me suis trouvé un objectif à atteindre et que j’avais la possibilité de prendre des options qui pouvaient m’aider à ce sujet. Monsieur Winthrop ne m’a pas caché à l’époque qu’il aurait voulu que je continue la littérature, que j’ai des capacités sur ce plan-là. Même si j’ai arrêté l’option, j’ai malgré tout continué à lire et à demander des conseils à mon professeur. De fil en aiguille, on en est venu à échanger des livres et nos avis respectifs. Bien souvent c’est lui qui me propose des livres d’ailleurs, les livres que je lis en dehors de ses recommandations sont souvent des livres qui traitent de médecine alternative ou de plantes. J’aurai adoré être une sorcière phytokinésiste au lieu d’une hybride.
Je regarde les étudiants sortir chacun leur tour en rendant des copies plus ou moins vides. Je louche sur la mienne en refermant ma trousse. J’ai écrit au moins deux fois plus que les autres pour changer, je crois que je n’ai pas de soucis à me faire quand au contenu. J’espère seulement avoir été pertinente et ne pas être partie trop loin dans ma réflexion, ce n’est qu’un corpus après tout.
Une fois que le dernière élève est sorti, je sors le livre que m’avait recommandé monsieur Winthrop. Robe de Marié, un roman policier de Pierre Lemaitre, ce n’est pas ma tasse de thé habituellement, préférant de loin les grands classiques à la surprise générale, mais celui-ci était vraiment intéressant ma foi. J’installe mon sac sur mon épaule, apercevant du coin de l’œil Cannelle qui vient de voler jusqu’au bureau de monsieur Winthrop, et prends ma copie. Le livre, lui, je le calle entre mon bras et ma poitrine.
J’avance vers le bureau, tendant à mon tour ma copie avant de tendre à son tour le livre à monsieur Winthrop. Je souris légèrement. Je ne sais pas comment engager la discussion, j’ai étrangement du mal à savoir son avis sur le sujet, habituellement il me propose des classiques ou des livres qui se revendiquent de tel courant ou tel courant, c’est assez rare au final qu’il me propose des livres aussi récents.
Astraë : C’était une histoire intéressante, j’étais assez surprise de la tournure des évènement je dois l’avouer.
Je fais un signe à Canelle pour qu'elle descende du bureau du professeur avant de me risquer à lancer un regard vers monsieur Winthrop, je me demande bien ce qu'il a pu en penser.