[rp cours | techno | 2nd cycle] On va voir ce que vous valez

Aleandro ouvrit les yeux, grimaçant sous la lumière du jour qui agressait sa rétine. Cela faisait un peu moins d'une heure que son réveil avait sonné mais il s'était accordé un peu de temps supplémentaire étant donné qu'il s'était couché bien trop tard. Tendant le bras hors de la chaleur réconfortante des couvertures, il tâtonna jusqu'à trouver un briquet et un paquet de cigarettes dont il tira un mince tube blanc qu'il alluma aussitôt. Laissant la fumée s'envoler dans un soupir, il referma les yeux, échappant une nouvelle fois à la clarté agressive. Un brusque coup sur sa main fit s'envoler la cigarette qui alla s'écraser un peu plus loin sur le sol. Aleandro bondit aussitôt de son lit pour aller la récupérer, vérifiant au passage qu'aucun dommage irrémédiable n'avait été infligé au parquet par le tabac rougeoyant.

-Absinthe, protesta-t-il en écrasant sa cigarette dans un cendrier d'où s'élevèrent quelques cendres en même temps qu'une odeur de tabac froid, un jour tu vas mettre le feu à la chambre !

La vipère émit un sifflement indigné en réponse et Aleandro haussa les épaules.

-Très bien, je fumerai à la fenêtre la prochaine fois.

Il se tourna vers le lit, vérifiant par habitude que personne ne s'y trouvait ce matin-là. Il avait mis un certain temps à abandonner le réflexe qui le poussait à sauter tous les matins hors de la couche et à s'enfuir de la chambre quasiment nu, ses habits de la veille sous le bras, mais il menait désormais une vie plus rangée et ne collectionnait plus les coups d'un soir. Enfin, plus tous les soirs. Il pouvait donc prendre son temps pour traîner au lit et se préparer.

Il jeta un coup d’œil au réveil. Il lui restait quantité de temps avant le prochain cours. Enjambant les vêtements qui traînaient par terre - il les rangerait peut-être aujourd'hui, s'il trouvait la motivation - il se dirigea vers la salle de bain pour procéder à ses ablutions matinales. Pestant contre le sol froid, il se dirigea sans perdre de temps vers la douche - un des avantages de ne rien porter pour dormir : il n'avait pas besoin de faire l'effort de se déshabiller - et enclencha directement un jet d'eau brûlante sous lequel il resta immobile un moment. Une fois dûment lavé et s'étant attardé encore un peu dans la salle de bain, il retourna dans la chambre et entreprit de trouver des habits encore propres. Ce n'était pas une mince affaire et il constata qu'il n'aurait bientôt plus d'autre choix que de rassembler ceux qu'il avait éparpillés à travers la pièce pour les envoyer à la buanderie.

Remettant cette tâche à plus tard, il entreprit plutôt de rassembler quelques feuilles éparses - ses notes pour le cours à venir - et vérifia qu'il n'en manquait aucune. Puis il quitta la pièce, non sans avoir appelé Absinthe qui vint docilement s'enrouler autour de son bras, et se dirigea vers la salle où devait avoir lieu son cours.

En entrant dans la pièce, il tiqua en constatant qu'aucun élève n'était encore présent. Il consulta l'horloge au mur tout en sentant son humeur s'assombrir. Ces jeunes n'avaient-ils donc jamais appris la ponctualité ? Pour être tout à fait honnête, il restait encore quelques minutes aux étudiants pour arriver avant le début du cours, aussi Aleandro refréna-t-il son agacement pour s'installer à son bureau tout en laissant ses notes s'éparpiller sur la surface sombre. Il n'en aurait pas besoin de toute façon, tout ce qu'il devait enseigner étant depuis longtemps ancré dans son esprit. Après quasiment une décennie passée à enseigner au Manoir, il connaissait par cœur chaque ligne de son cours, chaque question susceptible d'être posée. Cette routine commençait à lui peser et il songea, sans sérieux, comme à son habitude, qu'il serait peut-être temps pour lui de se trouver un autre travail. Mais où ? Quand Alban lui avait trouvé cette place, des années plus tôt, il n'avait aucune idée d'où il voulait exercer ses capacités et à ce jour il n'en savait pas plus.

Un sifflement familier près de son oreille - Absinthe avait sinué le long de son bras pour venir s'installer dans le creux de son épaule - le tira de ses réflexions. Il s’apitoierait plus tard sur son sort, pour le moment il avait un cours à donner et des jeunes qui nécessitaient qu'on leur fasse rentrer quelques connaissances dans le crâne.

Ses mains passent sur ses yeux fatigué. Une douleur intense lui vient frapper ses tempes. La nuit du jeune hybride semblait avoir été pénible. Incapable pour lui de se souvenir. Seulement que des flashes de quelques événements.
Des boissons, de l’alcool probablement, de la musique…Une bagarre…
Un soupire épouse doucement le silence de la pièce, comprenant qu’il était sorti en boite, pour se saouler...Encore.
L’hybride regarde de droite à gauche, constate une pièce vide. Puis, ses muscles crispés et mâchoire contractée, qu’il se démène pour se redresser lourdement. Constatant que ses blessures de la veille, devenaient moins pénibles à supporter.
C’était avec curiosité qu’il effleure chaque parcelle de son bras, analysant le moindre bleu.
Il inspira longuement, pour enfin décider à se lever.

Le lynx traîne du pied sur le sol lisse, pratiquement dénudé, jusqu’à atteindre la fenêtre, qu’il ouvre sans problème.
La vue qu’offrait cette parti du dortoir était plutôt agréable. Le vent réveille doucement ses ports accompagné par l’odeur douce de la forêt. Et cette sensation, Derek la trouvait des plus agréables.
Dove ne tardait pas à venir le saluer. C’est du bout du doigt qu’il caresse les plumes de la jeune buse, puis s’avance pour embrasser son petit bec. Son familier rend bien l’amour reçu, d’un petit croisement, sa tête posée sur la main de l’hybride.
Derek sourit, ce geste lui fit oublier le mal de tête qu’il avait accumulé de la veille.

Cependant c'est sans conviction que l’homme ce rappel qu’il devait se préparer. Partir se laver.
Nu devant le miroir il découvre ses blessures avec dégoût. Comme il a pu tomber aussi bas. D’un geste délicat il inspecte son corps, des bleus sur le bras, ses cicatrices, un suçon au cou. Un suçon ? Surpris il se penche devant son miroir le cou tendu, c’était belle est bien un suçon. Son irrégularité ne pouvait laisser planer le doute.
Un sentiment de frustration envahi le jeune lynx. Qu’est-ce qu’il s’était passé bon sang !
D’un juron, il alluma son téléphone, comme pour y trouver des indices, une réponse. Mais rien. Juste l’heure…

Bordel!

D’un sursaut, le jeune hybride sauta à la douche, douche qu’il prit en deux minutes, peut-être. Il était en retard pour son cours d’informatique.
Un caleçon, un jeans, une chemise pour camoufler ces blessures superficielles, puis des doc martens. Son sac rempli traditionnellement d’un cahier et d’un stylo. Derek s’empresse de constater les minutes qu’il lui restait. Un grondement retentit, cinq minutes tout au plus. C’est sans attendre que le jeune homme se précipita dans les couloirs du manoir, cherchant avec fougue la classe de Monsieur Acciari.

Déambulant les couloirs, il ordonna à toutes gêne de s’écarter, courant sans se préoccuper de quoi se soit d’autre, sa main agrippant son sac, qu’il n’avait même pas pris le temps de mettre à son épaule.

Le chronomètre ne lui accordera pas une minute de répit, son temps était compté. Essoufflé il attendra la salle du jeune professeur avec seulement quelques secondes de retard.
Derek sera des crocs, tente tant bien que mal de reprendre son souffle. Puis une gêne désagréable d'installer telle une fleurs. Il venait de contracter une migraine à sa gueule de bois.
Cependant il ne pouvait baisser les yeux, regardant son professeur à l’entrée.

Les yeux fixés sur l'horloge murale, Aleandro n'avait prêté aucune attention aux étudiants qui commençait à s'installer dans la salle, se contentant de réagir au brouhaha s'installant par un claquement de langue agacé qui mit aussitôt fin aux conversations ambiantes. Ses élèves avaient apparemment fini par comprendre qu'il valait mieux éviter d'agacer le professeur, celui-ci ayant rarement l'habitude de donner des avertissements avant de faire tomber les heures de colle.

A l'instant où l'horloge changea de minute, indiquant l'heure exacte du début du cours, Aleandro se leva vivement de son siège avec l'intention d'entamer aussitôt la leçon. Il n'eut cependant pas le temps de prononcer un seul mot avant que l'irruption d'un nouvel élève ne le coupe dans son élan. Toisant le nouvel arrivant, il ne put s'empêcher de remarquer la fatigue qui se lisait sur ses traits, ainsi que la marque sur son cou. Voilà qui expliquait son retard. Il soupira avec agacement, tandis qu'Absinthe émettait un sifflement amusé.

-Va t'asseoir. En silence.

Il désigna les rangées de tables occupées par des ordinateurs, laissant à l'élève le soin de trouver un siège libre, ce qui n'était gère difficile étant donné qu'à peine la moitié des places étaient occupées. Le cours de nouvelles technologies avait mauvaise réputation auprès des étudiants, aussi arrivait-il bon dernier parmi les options, ce qui était loin de déranger Aleandro : cela garantissait un minimum de motivation parmi les postulants.

-Bien, l'arrivée de votre camarade me donne l'occasion de vous rappeler l'importance de la ponctualité. Je ne veux plus voir personne se présenter en retard, est-ce bien clair ?

La question étant purement rhétorique, le professeur enchaîna directement avec la suite de son cours.

-La dernière fois, nous avions étudié les différentes possibilités pour représenter des listes d'éléments. Aujourd'hui nous allons voir les arbres.

Attrapant une craie, il traça la représentation d'un arbre binaire de recherche, choisissant au hasard quelques valeurs pour le remplir.

-Voici un arbre binaire de recherche. Vous pouvez voir que chaque nœud a une valeur et qu'ils sont liés entre eux de manière logique : les sous-arbres gauches ont des valeurs inférieures et inversement pour ceux de droite.

Aleandro entoura les groupes concernés puis reposa la craie et brossa consciencieusement la fine pellicule blanche qui s'était déposée sur ses doigts.

-S'il n'y a pas de question vous allez m'écrire un algorithme permettant d'insérer et de retirer des valeurs dans un tel arbre, sur papier pour l'instant. Vous avez dix minutes.

Il s’apprêtait à regagner son bureau lorsqu'une idée lui fit tourner la tête.

-Konan, tu viens le faire au tableau. Avec un peu de chance cela te maintiendra éveillé.

Rien de tel qu'un petit coup de pression pour se remettre de ce qui semblait avoir été une soirée mouvementée. Satisfait, tant de son idée que d'avoir par un quelconque hasard retenu le nom de son élève, le professeur s'appuya contre son bureau, les yeux rivés sur le jeune homme qu'il venait de désigner.