J'ai besoin d'aide, je deviens folle ! [Maggie & Jeannou]

Il y avait de l’animation en ville, ce jour-là. Les gens profitaient de leur après-midi pour aller faire des emplettes, pour se balader, voire leurs amis et se délasser de la semaine passée. Jeanne en était heureuse. Au Brésil, elle vivait dans une assez grande ville et aux Etats-Unis, l’Institut était lui aussi près d’une grande ville. Elle aimait l’activité, l’énergie des villes et n’aurait pas supporté la campagne. Les semaines qu’elle avait passées à la montagne, dans la nouvelle maison de ses parents, avaient été pénibles. Il n’y avait rien à y faire, à part se balader et discuter avec les vaches, lesquelles, Jeanne devait le reconnaître, n’étaient pas désagréables mais n’avaient pas vraiment une discussion très intéressante. Aussi, elle avait retrouvé la ville, ses magasins, ses gens et ses possibilités avec le plus grand des plaisirs.

Il faisait encore froid malgré l’arrivée du printemps mais l’heure n’était pas pour autant aux giboulées et le ciel était d’un bleu limpide. Le matin, comme son option Contes et légendes ne commençait qu’à 11h, elle avait pris son temps pour choisir sa tenue. Elle avait enfilé, par-dessus un collant semi opaque, une robe noire à col roulé et manches longue, dont le bas de la jupe patineuse lui arrivant à mi-cuisse était terminé d’un liseré blanc. Elle avait mis des anneaux en argents à ses oreilles, sertit ses doigts de nombreuses bagues et chaussé ses petits pieds de ses éternelles bottes noires qui ne la quittaient pas de l’hiver. Quand le temps de rejoindre la ville fut venu, elle avait ajouté au tout la veste en jean doublée qu’elle avait piqué à sa mère il y a bien longtemps. Les poches de la veste étaient grandes, la sorcière n’avait nul besoin d’un sac pour transporter ses essentiels : son porte-monnaie, son téléphone, un baume à lèvre et un paquet de chewing-gum.

Les mains bien au chaud dans lesdites poches, Jeanne offrait à son visage un bain de soleil en attendant sa meilleure amie. Elle avait appelé Margaret juste après le repas, pour lui proposer de se rejoindre à 15h dans un café en ville ; il y avait urgence, la brune avait besoin de parler dans un lieu tranquille. Elle n’avait pas choisi le grand café, le plus connu, là où tous les élèves du Manoir allaient le plus souvent, mais un petit café dans une rue calme. Il contenait peu de tables et une seule était occupée pour l’instant, par un vieux monsieur lisant un roman.

Jeanne attendait dehors, adossée à un muret en face du café. Elle était arrivée beaucoup trop en avance. A partir du moment où elle s’était décidée à se confier à Margaret, l’idée de rester au Manoir l’étouffait et elle l’avait quitté dès que possible, après avoir avalé quelques bouchées de pain en guise de repas. Mais la tempête qu’elle ressentait à l’intérieur ne transparaissait pas sur son visage. C’est avec un air serein qu’elle patientait, mâchant un chewing-gum à la fraise. Mais si l’on regardait avec attention, on pouvait voir sa nervosité à la façon dont elle triturait le contenu de ses poches. Jeanne avait les méninges qui tournaient à plein régime, cherchant la façon dont elle allait parler à Margaret de l’overdose d’émotions qu’elle était en train de subir depuis quelques temps. Elle hésitait encore, par peur du jugement de son amie. Margaret ne l’avait pourtant jamais jugée par le passé, mais ce que Jeanne ressentait actuellement lui paraissait tellement absurde et excessif qu’elle ne savait plus quoi penser.

Mais est-ce que les amis n’étaient pas fait pour cela ? Pour vous soutenir et vous aider quand vous étiez perdu ? Elle espérait vraiment que se confier à Margaret mettrait un terme à cette obsession sortie de nulle part, qui lui retournait le cerveau et lui faisait faire des choses dont elle ne se serait pas crue capable.

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