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Gribouillis et scribouillis

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Mer 25 Mar - 17:08
J'ai décidé de suivre le mouvement et de poster mes chef-d'oeuvres (ironie intense) ici !

Il y aura surtout des écrits, puisque je me suis lancée dans l'écriture d'un roman il y a peu de temps. J'ai essayé de dessiner Jeanne quand je me suis inscrite, cela a été infructueux, mais je les posterais peut-être ici un jour ;)

Sans plus attendre, voici l'introduction et le premier chapitre de mon roman intitulé pour l'instant "Le sacrifice du solstice d'été". Je voulais vous mettre le deuxième aussi mais je n'ai pas encore trouvé la force de me bouger les fesses et de le relire... Ceci est un premier jet, je compte donc beaucoup sur vos retours ! :D Vous êtes les premiers à lire ces textes dont je suis un peu émue *.*

Ah oui, l'héroïne principale s'appelle Jeanne aussi, il faut croire que j'aime beaucoup ce prénom en ce moment, mais ce ne sont pas DU TOUT les mêmes personnes.

Bises !
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Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35515
Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Mer 25 Mar - 17:09
0 – Introduction

Il existe un village, caché au plus profond de la forêt. Les villageois y pratiquent la magie, invoquant les Titans, dieux primordiaux, pour lancer leurs sortilèges et préparer leurs potions. Ils sont dirigés par Diane, enchanteresse puissante et presque immortelle. Tous les cinquante ans environ, lorsque la pleine lune de juin coïncide avec le solstice d’été, les pouvoirs d’amplification de la lune et du soleil sont à leur apogée. Diane est alors en mesure d’utiliser leur énergie pour performer un rituel de régénération. Elle récupère alors puissance et jeunesse et bénéficie ainsi d’une longévité exceptionnelle depuis maintenant 700 ans. Le rituel nécessite une danse et une incantation dont elle seule a le secret, et que les Dieux eux-mêmes lui ont appris. Elle aurait été choisie pour sa clairvoyance et son grand pouvoir, offrant prospérité et stabilité à son clan en restant éternellement à sa tête.

Cette année de nouveau, la pleine lune de juin s’élève dans le ciel durant la nuit qui suit le Solstice d’été. Cette histoire commence un mois avant, le jour de la pleine lune de mai.
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Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35515
Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Mer 25 Mar - 17:11
1 - L'offrande

Aux tréfonds de la forêt, la nature se réveillait doucement. Les oiseaux, actifs depuis quelques heures déjà, chantaient et voletaient de branche en branche. Les rayons du soleil, encore bas dans le ciel, condensaient la brume matinale sur les feuilles des arbres. Le craquement soudain d’une brindille fit s’envoler les oiseaux, brisant le calme du moment. Une jeune femme marchait d’un pas décidé entre les arbres, un lapin sous le bras et une grande sacoche en cuir sur l’épaule. Vêtue d’une longue robe beige et enveloppée d’une cape bleue marine, la fraîcheur ambiante ne l’atteignait et ne la ralentissait pas. Sa longue chevelure châtaine ondulait au rythme de ses pas et ses yeux aux iris presque aussi sombres que ses pupilles fixaient, déterminés, le sentier qu’elle suivait. Invisible pour un étranger, cette coulée était pourtant immanquable pour qui savait observer la forêt. Et Jeanne savait observer ; cette partie de la forêt n’avait d’ailleurs aucun secret pour elle. La jeune femme évoluait sans peine, louvoyant entre les branches et les tiges de ronciers sans qu’aucune ne s’accroche à sa cape.

Au bout de quelques minutes, elle arriva à destination. Reprenant sa respiration après sa marche rapide, elle leva les yeux vers la cime de l’immense arbre qui se dressait devant elle. C’était un chêne haut de vingt mètres, dont le tronc était si large que quatre hommes aux mains jointes n’en faisaient pas le tour. La jeune femme apposa sa main sur l’écorce couverte de mousse et ferma les yeux.

- Je te salue, Rhéa. Puissent ta sagesse et ton courage m’accompagner et me guider tout au long de ma vie.

Les mots résonnèrent sous les frondaisons comme une prière dans une chapelle et, après une minute d’immobilité et de silence, Jeanne décolla sa main de l’arbre. Elle s’agenouilla à un mètre du tronc, dans la mousse tendre, près d’un cercle de pierre qui avait visiblement servi plusieurs fois à contenir un feu. Le lapin, qu’elle déposa à ses côtés, commença tranquillement à renifler la mousse et les brins d’herbe encore humides autour de lui, sans chercher à s’enfuir. Rapidement, Jeanne plaça quelques branches qu’elle avait ramassé en chemin dans le cercle de pierre. D’un mouvement habile, elle fit ensuite jaillir des étincelles de deux morceaux de silex qu’elle avait extraits de son sac. Les branches, sèches malgré l’humidité matinale, se mirent à brûler et des flammes jaillirent rapidement. Attendant que le bois devienne braise, la jeune femme alla couper quelques longues branches souples d’un frêne et revint s’installer près du feu. Avec aisance, elle commença à tresser grossièrement les tiges entre elles. Bien vite, elle obtint une forme de panier en grosses mailles. Lorsqu’elle eut terminé son ouvrage, le bois du feu était suffisamment consumé. De son sac, Jeanne sortit une écuelle en argile, une outre remplie d’eau ainsi que cinq bocaux remplis d’herbes séchées. Après avoir installé l’écuelle au-dessus des braises, elle y versa de l’eau dans laquelle elle jeta une poignée des herbes qu’elle avait apportées. Elle caressa distraitement le lapin qui se trouvait toujours à ses côtés, mangeant paisiblement de l’herbe, pendant que l’eau chauffait et que les herbes infusaient. Quand le liquide entra en ébullition, elle prit l’animal dans ses bras. D’un geste assuré, elle attrapa une dague accrochée à sa cheville et la planta dans le cœur du petit mammifère. Il mourut sur le coup, sans souffrance. Jeanne fit alors une incision au niveau du cou de l’animal et, prenant soin de couvrir la première blessure d’une main, tint un instant son corps au-dessus de l’écuelle afin que le sang qui s’en écoulait se mélange à l’infusion. Puis elle plaça le petit cadavre au pied de l’arbre.  Après avoir enroulé ses mains dans un pan de sa cape pour ne pas se brûler, elle attrapa le bol et le leva au-dessus de sa tête, le regard rivé vers la cime de l’arbre. Les yeux fermés, elle scanda d’une voix claire :

- Rhéa,
Accepte cette offrande et accède à ma demande,
Epargne mon frère, quand ton choix il faudra faire.

Jeanne répéta l’incantation trois fois, et quand cela fut fait, elle répandit le contenu de l’écuelle sur le pelage du lapin. Elle plaça ensuite le panier qu’elle avait fait au-dessus du corps et l’ancra fermement au sol avec des sardines en fer. Cela empêcherait d’éventuels prédateurs de venir dévorer l’offrande qu’elle venait juste de faire. Elle ne voulait pas que tous ses efforts tombent à l’eau à cause d’un renard ou d’un chat sauvage affamé. La sorcière éteignit ensuite consciencieusement le feu avec de la mousse humide. Cela fit un peu de fumée, mais pas assez pour que cela fut visible de loin. Quand les dernières traces de fumées eurent disparu avec le vent, elle rangea ses bocaux d’herbes dans sa sacoche.

Un picotement sur sa poitrine attira son attention. Elle écarta un pan de sa robe pour dévoiler la peau de son sein gauche, recouverte d’un tatouage. Le dessin ondoyait, comme s’il cherchait à s’échapper de son épiderme. Jeanne soupira ; son mari, Adrien, la cherchait. Elle avait espéré pouvoir rentrer avant qu’il se réveille et remarque son absence, mais c’était raté. Elle avait cependant une excuse toute prête. Elle avait pensé à ramasser quelques plantes à l’aller, et en ramasserait d’autres au retour. Le jour précédent et la nuit de la pleine lune, les propriétés des plantes étaient amplifiées. Adrien pourrait donc facilement croire qu’elle était partie de bon matin en cueillir quelques-unes, si elle parvenait à contrôler ses émotions. Elle se dépêcha de rentrer, ne voulant pas l’inquiéter plus que nécessaire. Elle aimait son mari de toute son âme et détestait avoir à lui mentir de la sorte.

Lorsque Jeanne arriva au village, il y avait bien plus d’activité que quand elle l’avait quitté. Les gens s’étaient levés tôt pour commencer les préparatifs pour la cérémonie du soir. Sur le chemin de sa maison, Jeanne salua quelques personnes, distribua quelques poignées des herbes qu’elle avait ramassé et aida à allumer le feu au centre du village. Le feu central était la seule zone du village qui était à ciel ouvert, les flammes pouvant parfois monter tellement haut dans les airs qu’il valait mieux que rien d’inflammable ne se trouve sur leur chemin. Partout ailleurs, les constructions se fondaient entre les arbres, formant un tout harmonieux et cohérent. Certaines maisons intégraient même les arbres dans leur fondation, créant ainsi des bâtisses qui semblaient fusionner avec la forêt. Au total, le village était composé d’une trentaine d’habitations et d’un grand bâtiment, appelé le foyer, qui servait de réserve alimentaire pour l’hiver et de salle de réunion pour les assemblées ou les fêtes. Quand Jeanne arriva devant chez elle, la porte s’ouvrit sur Adrien. Chez les sorciers, les liens du mariage créaient une union plus que symbolique ; les âmes des deux conjoints étaient connectées par la magie, via un tatouage qu’ils avaient tous deux à la poitrine. Adrien avait donc perçu son arrivée. Sans perdre une seconde, Jeanne l’enlaça et inspira à plein poumons son odeur qu’elle aimait tant.

- Où étais-tu ? la questionna-t-il après avoir embrassé le sommet de son crâne.
- Partie cueillir des herbes en forêt. Pour la cérémonie, se sentit-elle obligée d’ajouter.
- Et pourquoi tu sens la fumée ?
- J’ai aidé à allumer le feu au retour.

Adrien la repoussa doucement et la fixa un instant dans les yeux. Jeanne lui omettait la vérité plus qu’elle ne lui mentait, il devait donc simplement sentir un léger malaise entre eux sans pour autant déterminer d’où cela venait. Il choisit de ne pas insister.

- Tu as faim ? demanda-t-il. Ta mère est venue apporter du pain frais tout à l’heure.
- Je suis affamée !
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Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
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Jeanne Maillard
Jeu 2 Avr - 15:55
2 – La cérémonie

Après avoir petit-déjeuné avec Adrien, Jeanne partit rejoindre le groupe en charge de la préparation de la nourriture pour le soir. Elle passa toute la matinée à cuisiner des tourtes à la viande, des tartes, des pains en tout genre et des brioches pour le dessert. Les festins de ce type étaient rares, même lorsque le village accueillait un autre clan. Mais la régénération de Diane était un évènement plutôt exceptionnel puisqu’il n’arrivait généralement qu’une à deux fois dans la vie de chacun. Jeanne déjeuna ensuite au foyer avec le reste du clan.  L’après-midi, elle se rendit avec Carmen, sa plus proche amie, cueillir les fleurs nécessaires à la confection de couronnes de chacun porterait le soir. Carmen, de deux ans l’aînée de Jeanne, était sa confidente. Comme pour la plupart des femmes du clan, ses longues mèches brunes descendaient jusqu’au bas de son dos. Ses yeux, bleus comme un ciel d’été, fixaient Jeanne avec désapprobation.

- Comment peux-tu remettre en question la position de Diane ? Elle a sauvé le clan tellement de fois par le passé que tout ce que tu es autorisée à exprimer, c’est de la reconnaissance. On n’en serait pas là sans elle !

Elle seule, avec Adrien bien sûr, était au courant des doutes que Jeanne avait sur le fonctionnement de leur petite société. Et elle était loin d’approuver les idées de son amie.

- Je suis reconnaissante, rétorqua Jeanne. Mais le fonctionnement qu’elle nous impose appartient au passé, à l’époque de sa première vie. Je dis juste qu’un peu de changement ne ferait de mal à personne…
- Elle nous offre de la stabilité. Le conseil est là pour apporter le changement nécessaire. De toute façon, elle a été choisie par les dieux, je ne sais pas ce qu’il te faut de plus pour lui accorder ta confiance.

Carmen se détourna alors pour ramasser les cardamines des près qui étaient à leurs pieds. Elles avaient déjà eu cette discussion de nombreuses fois et cela se terminait toujours de la même façon : Diane était une élue des dieux, point final. Mais Jeanne avait du mal à accepter cette idée.

Premièrement, que la même personne dirige un clan pour l’éternité était un concept qui la dérangeait. Que se passait-il si la personne en question prenait des mauvaises décisions ? Ou si la personne, bien intentionnée au départ, perdait de vue l’intérêt commun pour assouvir sa soif de pouvoir ? Jeanne ne pensait pas que Diane en était à ce stade, mais elle avait le pressentiment que cela pourrait arriver un jour, cela collait bien au caractère plutôt autoritaire de l’enchanteresse. Deuxièmement, quelle preuve avaient-ils que Diane avait réellement été élue par les dieux ? Aucune. Elle était très puissante, certes, et avait énormément de connaissances sur la magie, mais méritait-elle l’immortalité pour autant ? Et à quel prix ? Car, troisièmement, le sortilège de régénération qui la maintenait en vie nécessitait le sacrifice d’un cœur pur. Quelqu’un devait littéralement mourir pour que Diane puisse rester en vie et retrouver sa jeunesse. C’était cela que Jeanne avait le plus de mal à accepter. Elle ne craignait pas pour sa vie, le fait même qu’elle doutait de la légitimité de Diane la mettait hors de danger. Celle d’Adrien et de Carmen n’était pas en péril non plus, elle avait entendu dire que jamais un adulte n’avait été choisi comme sacrifice jusqu’à présent. Et ses parents avaient déjà survécu à une cérémonie, elle doutait fortement qu’ils soient choisis cette fois-ci. Restait son petit frère, Léo. Léo qui passait son temps libre à aider les gens du village. Léo qui vénérait Diane et les dieux. Il était la personne la plus pure que Jeanne connaissait et elle n’était sûre de s’en remettre s’il venait à mourir. C’était pour cela qu’elle avait pris le risque de demander la protection de Rhéa, même si ce geste était considéré comme hérétique et qu’elle risquait, au mieux la réprobation générale de tout le village, au pire l’expulsion pure et simple du clan, pour avoir osé se mettre en travers du destin tracé par les dieux pour tout un chacun.

Perdues chacune dans leurs pensées, Jeanne et Carmen avaient avancé chacune de leur côté. Jeanne tomba sur un parterre de jacinthes sauvages qu’elle ajouta aux anémones des bois et aux fleurs des elfes qui garnissaient déjà son panier. Elle aimait le mariage du violet des jacinthes avec le blanc des anémones et des fleurs des elfes. Pour compléter le tout, elle arracha des tiges de lierre qui serviraient d’armature, une fois tressées, aux couronnes pour la cérémonie. Un regard vers le ciel lui indiqua que le soleil commençait à descendre, il fallait rentrer si Carmen et elle voulaient avoir le temps de tresser toutes les couronnes. Jeanne appela donc son amie, et elles discutèrent joyeusement en retournant au village, il en fallait plus qu’un désaccord sur Diane pour les fâcher.

Finalement, elles furent rejointes par d’autres gens du village et la conception des couronnes se fit en un rien de temps. Elles passèrent alors au foyer où elles aidèrent à installer de grandes tables et des bancs. De grands draps écrus furent étendus sur les tables et toute la nourriture qui avait été préparée le matin fut répartie équitablement. Jeanne rentra alors chez elle pour enfiler sa tenue et se maquiller pour la soirée. Adrien était déjà là, dans la cuisine, en braies. Torse nu, il se lavait à l’aide d’un tissu et d’un morceau de savon. Jeanne quitta ses vêtements à son tour pour se nettoyer aussi. La vue de la poitrine nue de sa femme eut un effet immédiat sur Adrien. Il la prit à la taille et la souleva pour l’asseoir sur la table de la cuisine. Il embrassa ses seins, l’un après l’autre, avant de déposer un baiser fougueux sur les lèvres de Jeanne. Il prit ensuite son cou pour cible, y apposant une myriade de petits baisers en descendant le long de son épaule. Alors qu’il suivait la courbe de son bras, elle demanda :

- Es-tu sûr d’avoir le temps pour ça ? En chemin vers la maison, j’ai croisé Félicie qui m’a demandé pourquoi je n’étais pas déjà en tenue.
- Cette harpie du conseil n’a que des reproches à la bouche. Adrien baisa la paume de la main de Jeanne. Si on est rapide, personne ne sera en retard…

Après leur étreinte, ils se lavèrent aussi vite que l’éclair et mirent leur tenue de cérémonie. Par-dessus une tunique beige brodée de fleurs au niveau des manches, Jeanne enfila une robe bleue nuit dont le bas était recouvert de perles en bois. Les perles s’entrechoquaient quand elle dansait, créant une mélodie qui accompagnait les chanteurs. Adrien avait lui aussi une tunique beige, qu’il assortissait avec un pantalon vert foncé et un gilet de la même couleur. Il avait brodé, avec un fil blanc, des runes sur le bas de son gilet. Puis ils se chaussèrent de chaussures à bout pointu en cuir non teint. Fin près, ils quittèrent leur logis pour rejoindre le reste de leur clan au centre du village, autour du grand feu. Des bûches venaient d’être ajoutées et les flammes montaient haut dans le ciel. Ils n’arrivaient pas les premiers mais n’étaient pas non plus les derniers. Si Jeanne s’était trouvée à côté de Félicie, elle lui aurait certainement fait une remarque à ce propos, simplement pour le plaisir de lui rabattre le caquet.

Félicie était de la même année que Jeanne, et la plus jeune femme à faire partie du Conseil, du haut de ses 21 ans. Elle passait son temps à abreuver le reste du clan de ses « conseils », enivrée de sa fierté d’occuper une place aussi importante au village. Le Conseil était composé de trois personnes : Félicie, Quentin, âgé d’une quarantaine d’années et Eliane, qui avait fêté ses 60 ans cette année. Le Conseil avait pour rôle d’épauler Diane et de la conseiller dans la gérance du village. Mais dans la réalité, ils ne faisaient qu’acquiescer à tous ses ordres et désirs, et ils avaient plutôt un rôle de police, rappelant à tous les règles édictées par Diane et les faisant appliquer.

Une fois que tout le monde fut réuni, l’ensemble du clan se dirigea vers le foyer pour profiter de la nourriture. Les repas en commun fonctionnaient sur le principe du buffet : chacun se servait sur la table centrale et pouvait ensuite déguster son assiette, selon son envie, debout, assis sur un banc ou sur les tables prévues à cet effet. Jeanne passa son temps avec Adrien, à évoluer de groupes en groupes pour discuter avec tout le monde. Elle prit cependant soin d’éviter Diane et les membres du Conseil. Mais l’enchanteresse s’en rendit compte, malheureusement, et elle profita d’un moment d’inattention de la jeune sorcière pour venir les aborder, elle et Adrien.

- Jeanne, Adrien ! Bonsoir ! Les salua-t-elle. Comment allez-vous ?
- Très bien ! répondit Adrien, qui ne partageait absolument pas les réticences de sa femme envers leur doyenne. C’est toujours agréable de tous se retrouver pour faire la fête.

Jeanne ne contenta de grimacer un sourire à l’adresse de Diane, pour ne pas avoir à lui parler, tout en appuyant la réponse de son mari. Mais Diane n’était pas de cet avis et elle pivota légèrement pour faire face à Jeanne et s’adressa directement à elle.

- Cela fait un moment que je n’ai pas eu l’occasion de discuter avec toi Jeanne. Depuis ton mariage l’année dernière il me semble.
- Oui, c’est ça.

Les mots étaient coincés dans sa gorge et sortaient difficilement. Jeanne avait envie de partir en courant. Diane posa affectueusement une main sur son bras et Jeanne dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas avoir de mouvement de recul.

- Eh bien passe me voir quand tu en auras le temps. C’est important pour moi de savoir que tous les membres de ce village vont bien et j’aime avoir des nouvelles de tout le monde.

« Elle veut surtout s’assurer que je reste bien sage et que je continue de suivre ses règles docilement », pensa Jeanne. Néanmoins, elle acquiesça avec le sourire le plus chaleureux qu’elle put feindre.
En voyant que Diane discutait avec sa sœur, Léo, en fervent admirateur de l’enchanteresse, vint les rejoindre.

- Bonsoir Diane ! Comment allez-vous ? S’exclama-t-il avec un immense sourire. Vous appréciez le repas ?
- Je vais très bien, et en effet, j’ai très bien mangé ! Et toi, jeune Léo, apprécies-tu la soirée ? Questionna à son tour Diane.
- Enormément ! J’ai particulièrement hâte de participer au chant rituel, cela fait un mois que je répète !

L’enthousiasme de Léo fit rire tout le monde. Jeanne fit de son mieux pour les imiter en ayant l’air sincère et spontanée, mais elle s’était crispée à la mention du rituel. Le chant permettant d’accomplir le rituel était complexe et devait être maîtrisé parfaitement par tous les villageois pour fonctionner. Quelques petites fausses notes ne faisait qu’affaiblir légèrement le sortilège mais trop d’erreurs, et il fallait tout recommencer. Jeanne, ne pouvant se permettre de faire rater le chant et d’éveiller des soupçons, s’était aussi beaucoup entraînée. Entendre son petit frère aussi joyeux, alors que, sans l’intervention de Jeanne, il était presque sûr qu’il aurait été choisi, cela lui donnait froid dans le dos.

- Tu as l’air préoccupée Jeanne, quelque chose ne va pas ?

La question de Diane avait attiré tous les regards sur la jeune femme. Elle se rendit compte qu’elle avait les poings crispés et qu’elle fixait droit devant elle depuis plusieurs secondes. Elle rassembla ses esprits rapidement. Il ne fallait pas qu’elle éveille le moindre doute. En effet, on prêtait à Diane le talent de lire les esprits et, si cela n’avait jamais été vérifié, Jeanne ne voulait pas servir de cobaye ce soir.

- Je pensais au chant moi aussi. J’espère vraiment ne pas me tromper, cela me stresse un peu.

Elle avait pris un ton timide et avait jeté un regard vers Adrien, comme si elle cherchait son soutien, afin d’avoir l’air fragile et que son stress soit crédible. Cela sembla fonctionner car Adrien passa un bras protecteur autour des épaules de sa femme et les personnes réunies autour d’eux adressèrent quelques mots rassurants à Jeanne. Elle se détendit un peu mais le regard malicieux que Diane posait sur elle était inconfortable. Jeanne sentit que la doyenne allait ajouter quelque chose mais l’attention fut détournée par Eliane qui faisait tinter une cuillère sur un verre pour appeler au silence.

- Chers amis ! Commença-t-elle. La lune est bientôt au sommet de sa trajectoire. Je pense donc que nous pouvons commencer à sortir et nous préparer mentalement pour le rituel pendant que Diane se prépare elle aussi. Je vous rappelle que nous allons tous former un cercle, près du feu central, au sein duquel Diane effectuera sa danse. Je vous rappelle aussi que le chant doit être maîtrisé parfaitement pour que la cérémonie fonctionne, je vous invite donc à vous concentrer dès à présent. Allons-y et bonne cérémonie du choix à tous, c’est un moment très spécial dans la vie de tous !

A la fin du discours, Félicie et Quentin vinrent chercher Diane pour l’emmener se préparer et le clan sortit peu à peu du foyer pour prendre place près du feu central. Jeanne garda le silence durant tout le trajet. Tout le monde forma un grand cercle non loin du feu, pour profiter de sa lumière, sans pour autant que ceux qui se trouvent près des flammes ne se brûlent. Jeanne se trouvait entre Adrien à sa droite et sa mère à sa gauche. A côté de sa mère se trouvait Léo, puis son père. Être entourée de ses proches dénoua un peu le ventre de Jeanne mais elle attendait la suite avec appréhension. Tout le monde était tendu en réalité, les mots d’Eliane résonnaient dans les esprits et l’arrivée de Diane était attendu dans un silence presque complet. Les yeux fermés, Jeanne se concentrait sur sa respiration pour calmer son cœur. Elle les ouvrit quand un murmure parcourut le cercle. Diane arrivait, accompagnée des membres du Conseil. Le cercle s’ouvrit pour la laisser passer et intégrer Eliane, Félicie et Quentin. Le silence était maintenant complet.

Diane prit place au centre du cercle formé par tous les membres du clan. Elle s’était changée, pour porter sa tenue de rituel : une robe longue noire à col carré. Le bas de la jupe, très évasé, et les manches longues étaient brodés de perles en quartz, qui reflétaient la lumière de la pleine lune et du feu dont les flammes étaient encore vives. L’enchanteresse, physiquement âgée de 80 ans, était svelte et gracile. Sa longue chevelure blanche était tressée et habillée de bijoux en argent, ce qui s’accordait parfaitement à sa tenue. La charisme et l’assurance que dégageait cette femme, alors qu’elle était seule et dévisagée par une cinquantaine d’individus, était impressionnant. Après avoir fait un tour sur elle-même pour croiser le regard de chacun des villageois, Diane prit la posture de la danse rituelle. Les pieds écartés à largeur d’épaule, le droit un peu avant de son corps et le gauche un peu en arrière, elle arqua légèrement son dos, replia son bras gauche dans son dos et releva le droit au-dessus de sa tête, la main orientée vers la lune. Gardant la position, elle attendit que le clan commence à chanter. Eliane, doyenne du Conseil, lança la première note dans l’air frais de la nuit. Elle fut rejointe par les membres du Conseil sur la seconde phrase du chant. Lorsque le clan tout entier se mit à chanter sur la troisième phrase, Diane se mit en mouvement. Rapidement, elle entra en transe. Elle ondoyait, tournoyait au rythme des voix de son clan, marquant parfois des poses et virevoltant sur l’intégralité de la surface du cercle formé par les sorciers. Eux aussi étaient en transe. Jeanne, porté par toutes ses voix chantant en harmonie, avait perdu le fil de la réalité. Elle ne sentait que le flux magique qui parcourait son corps, pulsant comme le sang dans les veines, guidant Diane dans son choix. Le rituel dura une dizaine de minutes. Quand, enfin, la dernière note s’évapora dans la nuit, Jeanne reprit contrôle de son corps. Elle avait la gorge sèche et malgré la lumière offerte par la pleine lune, il lui fallut quelques secondes pour distinguer clairement son environnement à nouveau. La personne en face de qui Diane avait terminé sa danse serait la personne choisie par les dieux pour le sacrifice. Jeanne chercha Diane des yeux mais ne la trouva pas immédiatement. Encore perturbée par la transe, elle perçut un mouvement à sa gauche et tourna lentement la tête vers son origine. Diane était là, en sueur et à bout de souffle, mais souriante. En face d’elle se trouvait Léo. Jeanne hurla.


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