[Event Pandémie][Le foyer] Patient 0 (RP libre, venez, plus on est de fous, plus on rit)

Jeanne souffla tranquillement sur son café pour le refroidir. En ce début de samedi après-midi, elle était venue faire une pause au foyer pour prendre une dose de caféine avant d’aller travailler sur sa rédaction d’histoire sociétale. Elle avait une flemme prodigieuse et envisageait déjà diverses façons de procrastiner activement : appeler ses parents, ranger son coin de chambre, aller voir Maximilien dans les jardins intérieurs pour regarder les plantes qui s’éveillaient doucement au printemps. Mais en même temps, elle voulait se débarrasser de ce devoir au plus vite pour ne plus avoir à y penser. Elle avala donc une gorgée de café et se résigna donc à rejoindre la bibliothèque pour travailler au calme. Au moment où elle tendait le bras vers l’anse de son sac, la porte s’ouvrit à la volée sur un étudiant essoufflé. Jeanne se demanda ce qui pouvait bien justifier un tel énervement. La réponse parvint rapidement.

Le garçon se dirigea vers un groupe qu’elle supposa être ses amis et parla assez fort pour que tout le monde puisse l'entendre.

- Il y a un gars qui a attrapé la maladie dont tout le monde parle aux infos. Il a totalement perdu ses pouvoirs et il est gardé à l’infirmerie pour l’instant.

Sous le choc, Jeanne retomba sur la chaise dont elle s’était levée. Ses amis des Etats-Unis avaient parlé de cette maladie, il y avait déjà eu plusieurs cas là-bas mais pour elle, c’était loin, cela ne la concernait pas vraiment. Elle n’aurait jamais imaginé que le Manoir puisse être touché…

Quand Margaret entra dans le foyer, espérant y trouver un havre de paix, elle ne trouva qu'un brouhaha confus et paniqué. Elle qui voulait étudier en paix... Avisant Jeanne au loin, elle tenta de se frayer un chemin dans la foule, peu à l'aise avec les contacts induits par cette activité, mais trop curieuse pour abandonner.
Au passage, elle saisit des bribes de conversation.

"malade..."
"grave apparemment..."
"plus de pouvoir..."
"...infirmerie"

Alarmée, elle accéléra le pas pour finir par déboucher devant son amie.

— Salut Jeanne, tu sais ce qu'il se passe ?

Elle avait demandé en s'asseyant sur le bord de la table, les chaises ayant disparu, sans doutes entre les mains des nombreux occupants de la pièce. Inquiète, elle voyait son amie extrêmement pâle, ce qui n'était pas pour la rassurer.

Nathan relisait pour la cinquième fois le même paragraphe sans parvenir à en saisir le sens. Lire dans un endroit aussi fréquenté que le foyer était une épreuve pour l'élu et il aurait préféré s'isoler dans un lieu plus calme mais il avait convenu d'attendre là quelques amis, qui d'ailleurs tardaient à arriver. Prenant son mal en patience, il recommença une fois de plus sa lecture du passage, tentant de faire abstraction des voix, réelles ou non, qui résonnaient dans la pièce. Il eut à peine le temps d'avancer de quelques lignes avant que de nouvelles pensées ne viennent à nouveau briser sa concentration. Levant les yeux, il parcouru rapidement la pièce du regard avant de reporter son attention vers la porte, quelques secondes à peine avant que celle-ci ne s'ouvre. Nathan était déjà debout, prêt à écouter la nouvelle.

En comprenant de quoi il en retournait, il accusa un moment de choc. Un cas au Manoir ? La fameuse maladie qui n'était jusque là qu'une information distante relayée par les médias devenait soudainement quelque chose de parfaitement tangible. Un sentiment de panique commença à monter chez quelques élèves présents et Nathan fit instinctivement un effort pour étouffer son don avant de cela ne puisse l'affecter. Il aurait probablement dû rapidement sortir du foyer - après quelques minutes il ne serait plus capable de tenir les pensées environnantes à distance - et il s'apprêtait d'ailleurs à le faire lorsqu'on le bouscula, l'envoyant involontairement heurter une autre élève. Se retournant pour s'excuser, il se rendit compte de plusieurs choses à la fois. Tout d'abord, il connaissait cette élève, ensuite elle s'inquiétait pour son amie et enfin il avait dans la bousculade perdu le contrôle sur son don et des pensées paniquées commençaient à envahir son esprit.

Un effort de concentration lui fit de nouveau chasser les pensées importunes, tandis qu'il sortait son carnet et notait rapidement quelques mots avant le tendre à Margaret.

« Désolé de t'avoir bousculée. Ton amie va bien ?  »

C'est vrai qu'elle avait l'air un peu pâle, mais avec la nouvelle qui venait de tomber cela n'étonnait guère Nathan.

Je me trouvais au foyer dans un coin assez reculé essayant tant bien que mal de dessiner quelque esquisse de l'univers dont j'aime en faire la création, accompagner de mes écouteurs. Même si actuellement je faisais simplement que de refouler les quelques heures qui me restaient à tuer avant de reprendre mes études.
La salle devenant agit, je lève les yeux, ils avaient le don pour attirer mon attention.
C'est alors que je relève la tête, comprenant que les infos pouvaient être prometteuse, mais cependant frustrée de n'avoir pas fini mes quelques ombrages ainsi que la fait de mon refrain.

Qu'est ce qui ce passe ?

Des jeunes bien affolés, des discussions se rapprochant presque à une téléréalité. Une incompréhension s'installe, j'en enlève mes écouteurs afin de mieux comprendre.
Mais malgré se vacarmes, j'arrive à en discerner quelques mots.

C'est alors ça... Un premier cas donc, ici.
J'en deviendrai presque blanche, c'était donc vrais. J'inspire profondément, tentant de garder mon sang froid.

Je maudis intérieurement Taylor d’avoir oublié sa trousse au foyer. Tout le monde sait qu’à cette heure-ci la salle doit être bondée, elle aurait clairement pu aller la chercher elle. Je traine les pieds dans le couloir lorsque Steven, un garçon qui fout son nez partout là où y a des scandales, me dépasse en courant pour s’enfoncer dans le foyer. J’affiche instinctivement une petite moue. Je sens que retrouver la trousse ne va pas être simple si Steven accourt là-bas, je sens le drama arriver.

Malgré tout, je presse le pas pour finalement entendre à demi-mot qu’un cas de la maladie mystérieuse est apparue au manoir. Je fronce les sourcils. Je pense qu’on aurait été mis au courant si une telle situation c’était vraiment présentée. Le souffle en voyant que visiblement, tout le monde semble paniqué.

Raphaël : T’es pas croyable Steven, tu fais flipper tout le monde avec tes conneries.

Je suis accoudé dans l’encadrement de la porte, les sourcils froncés. Je lève les yeux au ciel. C’est une dernière année, ça ne serait pas la première fois qu’il ferait le bouffon pour attirer l’attention. Je suis persuadé qu’on nous l’aurait dit si un élève était tombé malade. Je le vois passer d’un visage pâle à un rouge de colère, visiblement ma réflexion ne lui a pas plu. Je m’en contre-fiche, faire des blagues c’est bien mais faut choisir son sujet. Définitivement, cette maladie mystérieuse c’est pas un sujet sur lequel on peut rire.

Steven : Je mens pas, le gars il peut plus rien faire. Même les dormons font mieux que lui !

Je secoue la tête. On aura vraiment tout entendu aujourd’hui. Ca touche l’Institut américain, pas le nôtre, je ne vois pas comment ça aurait pu se propager jusqu’ici, personne n’est arrivé récemment de là-bas il me semble.
Vous voyez la fée clochette, et bien je crois qu’avec le regard que je lui ai lancé – tant pour sa réflexion sur les dormons qui trahit son absence de respect pour eux que pour sa tentative de lancer une rumeur – Steven a décidé de lui faire concurrence dans un concours dont lui seul en connait l’existence pour savoir qui rougit le plus de colère. Je secoue une nouvelle fois.

Raphaël : Prouve-le ?

Je balaye machinalement la salle du regard, constatant qu’à présent une bonne partie de la salle a les yeux rivés sur nous. Y en a bien un qui va réagir quand même, non ?

Jeanne leva les yeux pour tomber sur le visage inquiet de Margaret. Elle voulu répondre à son amie mais cette dernière se fit bousculer par un garçon qui passait à côté. Jeanne pensait qu’il allait s’excuser mais au lieu de cela, il sortit un carnet sur lequel il inscrivit quelques mots avant de le tendre à Margaret. D’abord décontenancée par ce comportement, Jeanne finit par comprendre qu’il devait s’agir du garçon muet dont lui avait parlé Margaret. Ce que lui avait raconté la sorcière de feu avait intrigué Jeanne mais elle aurait aimé rencontrer le garçon en d’autres circonstances.

- Un garçon de l’école a attrapé la maladie qui fait disparaître nos pouvoirs, finit-elle par répondre à son amie. Aux USA, cela fait un moment qu’ils sont touchés et la situation empire de jours en jours. J’espère que…

Elle fut coupée par Raphaël qui, depuis l’encadrement de la porte, venait d’interpeler Steven, le porteur de la mauvaise nouvelle. Le cœur de la sorcière s’emballa quand le roux sous-entendit que toute l’histoire pouvait n’être qu’une blague de très mauvais goût. La visite-heure de colle qu’ils avaient passé ensemble n’avait pas été la meilleure heure de sa vie mais elle pouvait presque dire qu’elle était contente de le revoir. Steven ne se laissa pas impressionner.

- J’ai rien besoin de prouver, tu n’as qu’à aller voir à l’infirmerie pour vérifier si tu ne me crois pas, rétorqua-t-il à l’adresse de Raphaël.

L’intervention avait installé le doute dans l’esprit de Jeanne. Elle aussi allait avoir besoin de plus d’informations pour croire Steven.

- C’est qui le malade ? demanda-t-elle assez fort pour être entendue de tous.

Les explications de l'amie de Margaret n'étaient pas pour rassurer Nathan. Si la situation ne s'améliorait pas aux USA, cela ne présageait rien de bon pour le Manoir si l'épidémie avait réellement fini par le toucher. Mais s'inquiéter des conséquences possibles n'était pas en tête de ses priorités. Se rappelant son but initial, il se tournait déjà pour reprendre son chemin vers la sortie, quand l'intervention d'un nouvel arrivant le stoppa de nouveau.

Il l'avait déjà vu de loin puisqu'ils étaient tous deux en septième année, même si Nathan ne parvenait pas à se rappeler son nom, et il venait de soulever un point intéressant. Les rumeurs les plus ridicules pouvaient se répandre très rapidement au Manoir et rien pour l'instant ne permettait de confirmer celle-ci. Malgré le bon sens et la migraine qu'il sentait poindre peu à peu, il décida de rester encore un peu, curieux d'entendre les réponses aux questions qui commençaient à être lancées à travers la salle.

Il faut dire que je m'attendais pas à un tel brouhaha, je prenais bien le temps d'analyser la situation, les yeux rivaient sur tous ses jeunes gens, les sourcils ne manquant pas de trahir mon étonnement.
Raphaël a bien du culot à dérouter les propos de la sortent, bien que l'envie que se soit une rumeurs en chatouillerait plus d'un.

Demander une preuve fut un acte malin, j'insiste par réflexe mon regard sur Steven, comment il réagit? Mais malgré sa il se laisse pas marcher dessus, ça m'arrache presque un sourire.
Soudainement tout s’accélère, faut dire que la curiosité humaine nous tuera un jour.

Ils leurs faut un nom ? Je baisse le regard puis me lève doucement, il vaudrait mieux que je quitte la salle avant que l'un de mes camarades me commissionne pour une quelconque épidémie. Alors je prends mon sac, avance dans le suspense des plus tendu, et commence à m’avance jusqu'à que j’aperçois Nathan.

Je m'arrête donc au milieu de la foule, l'épaule de trois quart, prenant le soin de rester tout de même discrète. Même si je savais quelque information, voir mon camarade entouré d'un aura inquiétant me provoque de la peine.

Nathan?

Rapidement, j’entends les questions arriver de toute part au sujet de la révélation de Steven qui semble ne plus savoir où donner de la tête. Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel, s’il croit que c’est comme ça qu’il va s’en sortir. Je laisse mes yeux glisser le long de la masse d’élève, repérant quelques visages qui ne me sont pas inconnus comme ce garçon muet qui est au centre de pas mal de rumeurs ou Jani- Hm… non ce n’est pas ça. C’était quoi encore son prénom ? Qu’importe, la petite cinquième qui a dû subir les lubies de l’administration pour une de mes retenues. Je lui lance un regard pour la saluer, cependant pour une fois, je ne dois pas puer la bonne humeur, bien au contraire.

Je fais des aller-retours visuels entre le foyer et Steven qui bredouille des âneries au fur et à mesure que les questions fusent. Encore une fois, il y a des sujets sur lesquels on peut plaisanter et d’autres non. Tandis que le ton semble monter d’un cran, je fixe Steven qui finit par reprendre contenance.

Steven : Ecoutez les gars, je sais juste qu’il y a un cas, j’ai pas encore pu entrer dans l’infirmerie, ils m’ont fermé la porte au nez !

Je lâche un long soupir. S’il croit que c’est avec une parade aussi naze qu’il va pouvoir se tirer d’affaire ? Je vais juste fumer une clope et c’est tout de suite la fin du monde. Il écopera de quoi lui pour avoir créé un mouvement de foule ? Que dalle. J’allais répliquer lorsque j’ai vu une tête blonde esquisser un mouvement pour sortir de la salle. Je souris presque malgré moi. Je la reconnais aussi, c’est l’astrologue, il me semble. C’est la diseuse de bonne aventure, l’encyclopédie sur patte, elle en a des surnoms qu’elle mérite probablement.

J’en entends plus d’un d’ici se moquer que je connaisse sa réputation, j’ai eu un copain qui a demandé ses services une fois. Il parait qu’elle ne se trompe jamais lorsqu’elle fait des prédictions ; et puis elle est dans ma classe depuis un bon bout de temps maintenant, ça a commencé là les rumeurs après tout. Je n’y ai jamais vraiment cru à tout ça, aux arts divinatoires, j’ai toujours pensé qu’il s’agissait que d’illuminés pour croire à ces conneries, mais pourquoi pas tenter le coup.

Raphaël : Au pire c’est facilement vérifiable, y a bien des personnes capables de jouer les diseuses de bonne aventure, n’est-ce pas Laura ? Tu nous aideras bien à y voir un peu plus clair, nan ?

Il n’y a rien de narquois dans ma voix, juste une forme de lassement, comme si cette histoire commençait à me fatiguer. Je crois que je préfère simplement penser qu’il ne s’agit que d’une mauvaise blague, je ne sais pas ce que je ferais si je venais à perdre mes pouvoirs.

Jeanne se tourna vers Margaret, un peu surprise de l’entendre s’exprimer aussi clairement en public. Cela lui fit plaisir, elle se sentit soutenue. Elle attrapa la main de son amie, à la recherche de réconfort, car une boule d’angoisse s’était logée au creux de son ventre. Le foyer était rempli de monde, mais sans Margaret, elle se serait sentie bien seule face à la situation. Parcourant la pièce du regard, Jeanne capta rapidement le salut de Raphaël et elle le lui rendit d’un rapide hochement de tête.

Faisant suite à leur intervention, les questions jaillirent de toute part, submergeant le pauvre Steven. C’était un peu la panique dans le foyer, personne n’écoutait vraiment les semblants de réponses du garçon. Cela dut l’agacer car il finit par signifier qu’il n’en savait pas plus et il s’assit à côté de ses amis, les bras croisés sur le torse. Jeanne lui jeta un regard noir. C’était bien la peine de venir divulguer de telles informations s’il n’était même pas capable, ni de les prouver, ni d’apporter plus d’explications.

Le brouhaha persista, jusqu’à la seconde intervention de Raphaël qui, décidemment, était bien plus utile que la dernière fois qu’elle lui avait parlé. Diseuse de bonne aventure ? Y avait-il une élue qui avait la capacité de lire l’avenir ? Jeanne scruta le foyer, à la recherche de la fameuse Laura que Raphaël avait mentionnée.

Nathan tourna son regard vers la personne que venait de désigner le nouveau venu. Laura ? Il n'avait pas remarqué sa présence au milieu de l'agitation ambiante mais maintenant qu'elle était le centre de l'attention il ne pouvait pas la manquer.

Le sens des paroles de leur camarade le frappa soudainement. Il voulait utiliser Laura pour vérifier une rumeur ? Il n'appréciait pas cette idée. Pendant sa séance avec la jeune femme, il avait remarqué que la question de ses lectures du futur était délicate et il s'attendait à ce que cette demande la mette mal à l'aise. Après tout, son pouvoir constituait une expérience très personnelle et il n'avait aucune envie de la voir être forcée de l'utiliser, surtout dans un contexte si stressant.

Prenant une décision, il fendit la foule qui, toute à ses interrogations, n'opposa pas grande résistance pour venir se planter devant celui qui venait d'émettre cette demande. Il nota quelques mots à la hâte dans le carnet qu'il n'avait pas rangé et le brandit devant les yeux de son camarade afin qu'il n'ait d'autre choix que de les lire.

« Pas besoin de déranger Laura. S'il y a effectivement un malade à l'infirmerie, je devrais pouvoir l'entendre, même depuis l'extérieur de la pièce. Si tu tiens tant que ça à vérifier cette rumeur, je le ferai. »

L'écriture ne pouvait retranscrire les intonations qu'il aurait mises dans sa voix mais le regard noir qu'il maintenait braqué sur le jeune homme était sans équivoque. Si cette solution ne lui convenait pas, il devrait en trouver une autre qui n'impliquait pas de jeter un de leur camarade en pâture à l'intérêt de la foule présente.

Je m’arrête net face à cette nouvelle ambiance, que Raphaël avait eu l'amabilité de créer. Et me voilà impliqué de plein fouet dans cette histoire. Tout ça parce qu’un jeune homme n’était pas foutu de la fermer, et qu’un autre au grand air, ne pouvait pas s’empêcher de se la ramener.

Soudainement, cette interpellation sonna en écho dans d’un isolement brutal. “Jouer, les diseuses de bonne aventure. ”
Venait-il volontairement de m’insulter ?
J’ai voulu l'interpeller, mais aucun son ne sortit de ma gorge. Mon corps s’était contentée de me précipiter sur lui, sans aucune gêne, ou encore mal aise, me fichant des regards sur le feu de l’action.
Ça bouillonnait simplement à l’intérieur, on me rabaisse pas à un tel niveau, surtout que mes capacités sont belles est bien réel. Sinon, pourquoi me trouverai-je dans cette académie?.

Malgré ma tentative d’intervention, Nathan avait pris le devant, il s’était interposé. Alors que je me trouvais assez proche, je m’arrêtai de nouveau, net, blanche.

Les regarde, et l’attention, m’était accordé, nous était accordé, créant ainsi une pression supérieur, pression qui fait palpiter mon rythme cardiaque, “qui-s’est? ; elle lit l'avenir ? ; c’est elle la diseuse de bonne aventure ? ; il lit les pensés ? “ Et j’en passe.
Sans implicitement le vouloir, Raphaël venait de me refaire une réputation aussi vite que son ombre.
Je déteste ça.
Pour me calmer, je déglutis, ravalant des pensés désobligeantes à l'égard de l’Hybride.
Mon regarde se pose sur le grand blond, m'avançant afin de se mettre à son niveau, sous un gestuelle qui sur le coup ne m’étais pas donné de réfléchir, ma main était posé là, sur son torses, comme pour me donner une prestance entre les deux rivaux, puis par la suite j'accorde un regard attentif à Raphaël, l’interdisant d’impliquer Nathan.

ça va aller, ne t’en fait pas...



Ma voix était redevenue plus calme, plus sérieuse, faisant bien allusion à ses pulsions de meneurs, il n’était pas complexe de deviner que j’attendais une réaction sérieuse.

Ma position n'était pas des moindres, ma main se défait du torse de Nathan, et mon buste s’interpose en force face à Raphaël.
J’ignorais comme les choses allait tourner, encore moins comment Raphaël ou bien Nathan allait réagir, mais je n’étais pas du genre à me laisser marcher dessus.

Je n’ai pas la satisfaction d’avoir la réaction de Laura puisque le garçon muet intervient quasiment aussitôt. Je le vois fendre la foule, comme si cette dernière semblait aussi surprise que moi pour le voir se planter devant moi en gribouillant quelques mots avant de me les montrer. Je prends un instant pour déchiffrer le message un peu brouillon du blond, probablement qu’écrire à la va vite n’était pas la meilleure des idées. J’arque un sourcil. Je n’ai jamais su réellement qui il était sinon qu’il est plus âgé que moi, et qu’il est muet. Il parait qu’il aurait redoublé plusieurs classes à cause d’un accident ou quelque chose du genre. Je me demande donc assez naturellement quel peut bien être le pouvoir du garçon.

Je relève la tête, souriant, après tout qu’importe qui vérifie la rumeur tant qu’après je peux récupérer cette fichue trousse et qu’on en parle plus de cette foutu rumeur, mais je le perds quasiment aussitôt tandis que le garçon me tue du regard. Il l’aurait fait s’il avait eu des révolvers à la place des yeux je présume.

Il n’en a pas le temps que la blonde furibonde saute de nulle part pour s’interposer entre le muet et moi. Elle semble vouloir calmer son ami, je présume également qu’ils doivent être ami pour qu’il saute la défendre et qu’elle intervienne juste après, comme si elle avait peur qu’il en vienne aux mains avant de me fixer d’un air que je ne saurai décrire. Je ne sais pas exactement ce qu’elle a dans la tête, si elle est furieuse – et je présume qu’elle doit l’être – ou si elle en a elle-même déjà marre de la situation.

Laura n’a pas la réputation d’être la fille la plus sympa de la promo, nous serions probablement amis sinon, et sa réponse à mon altercation en montre, à mes yeux, exactement les raisons : elle se prend trop au sérieux. Elle ne doit pas connaître le second degré. Elle devrait se décoincer un peu, rire ne tue personne. Je lève les yeux au ciel, signe de mon indifférence quant à ses grands airs de nana un peu trop sérieuse.

Raphaël : Ça va, détends-toi, c’est de l’humour.

Steven : Et ça se donne des grands airs sur les sujets sur lesquels il ne faut pas plaisanter.
Je souffle largement à la réflexion de Steven, croisant les bras contre mon torse. J’entends quelques rires, je les ignore sans trop de difficultés. Bon sang Taylor, je te jure que je vais te faire bouffer ta trousse pour m’avoir fait venir à ce moment-là au foyer.

Raphaël : Bon, qui s’y colle du coup qu’on en finisse ?

Ce fut avec une sensation d’irréel que Jeanne observa la scène qui se déroula sous ses yeux. L’intervention de Nathan, qui pour une raison qui échappait à Jeanne était visiblement mécontent des paroles de Raphaël ; la prise de parole d’une fille blonde que la sorcière supposa être Laura et qui s’interposa entre Raphaël et Nathan ; la remarque aigrie de Steven, qui semblait presque déçu du manque d’attention à son égard et enfin, la question de Raphaël.

Ce n’était pas une question qui venait à l’esprit de la sorcière, mais mille. D’où venait la maladie ? Comment était-elle arrivée en France ? Est-ce que seul le Manoir était touché ou ses parents étaient-ils en danger eux aussi ? Etait-ce contagieux ? Si oui, comment l’attrapait-on ? Le nœud dans son estomac grandissait à mesure que les questions s’entremêlaient dans sa tête. Il fallait que ça s’arrête. Tout de suite ! Pour cela, il n’y avait pas dix mille solutions, il lui fallait des réponses. Et elle ne se contenterait pas de prédiction. Elle avait besoin de constater les choses de ces propres yeux, d’entendre la confirmation de la part d’un adulte.

Jeanne reprit tant bien que mal possession de ses moyens et elle lâcha la main de Margaret pour aller rejoindre le trio près de l’entrée du foyer. Elle n’avait pas lu le papier de Nathan et ne savait pas qu’il avait proposé de lire l’esprit du potentiel malade. De toute façon, cela ne lui aurait pas suffit.

Ils bloquaient la sortie.

- Poussez-vous, demanda-t-elle, je vais aller demander à l’administration ce qui se passe exactement.

Elle avait parlé un peu plus sèchement de voulu, mais elle n’avait pas de temps à perdre avec la politesse, il fallait qu’elle se débarrasse au plus vite de l’angoisse qui était en train de monter, ou elle allait hurler.

L'intervention de Laura n'avait pas fait bouger Nathan d'un centimètre et son regard ne s'était pas détourné de Raphaël, puisque c'était apparemment son nom. Il avait conscience que la jeune femme pouvait aisément se défendre elle-même - elle venait d'ailleurs de le prouver - mais il ne parvenait pas à évacuer le sentiment de colère qui montait en lui, galvanisé par la douleur sourde qui pulsait sous son crâne. Il serra le poing, tout en ayant conscience de manière diffuse que cela ne lui ressemblait pas du tout. Il aurait dû s'éloigner au plus vite, quitte à traîner Raphaël hors de la pièce à sa suite, mais il était incapable de prendre cette décision. A vrai dire, il avait déjà du mal à comprendre exactement ce qu'il se passait autour de lui en cet instant.

Il sursauta donc quand l'amie de Margaret s'adressa soudainement au trio qu'ils formaient. Par réflexe uniquement, il fit un pas sur le côté pour accéder à sa demande. Ce mouvement lui tira un rictus de douleur : bouger avait déclenché une nouvelle vague de souffrance et il s'appliqua à rester totalement immobile durant les secondes suivantes, le temps que celle-ci revienne à un niveau supportable. Il ne se rendit pas compte que sa colère avait disparu aussi soudainement qu'elle était venue.

Je ne pris même pas la peine de réagir à la réponse de mon semblable. Je détourne les yeux, tanguant entre l’envie d’être désespérée de la situation ou étouffée de part la pression qui prenait plaisir à s’installer.

Raphaël me désespère, cependant, ce sont les yeux baissés que j'acquiesce tout de même s demande. Il avait raison, quelqu’un devait intervenir pour calmer cette foule, est ce n'est surtout pas en se battant les uns et les autres, que la situation s'améliore. Même si l’envie de le gifler m’était plus que satisfaisante.

Ma vision ce focus sur un léger détail, Nathan.
Son poing était serré, et même si, lui est moi, nous ne nous connaissons pas tant que ça, le voir dans cet état, ne ressemble assurément pas à son état habituellement calme.
C’est l’esprit vif que je note cette réaction dans un coin de mon esprit. Souhaitant au plus profond qu’il se calme...

Je relève les yeux sur le rouquin, m’accroche à son épaule, puis m’approche de lui, près de son oreille pour être exacte, le regard fixé sur la porte devant moins, impossible de lui accorder un regard.
L’odeur de la cigarette sur ses vêtements me déclencha un soudain flash. Je ne sais comment, cela me déclenche dans un bref instant un vertige, la vision de la constellation du Dragon, Etamin, pour être exacte. Le Fléau. Je baisse les yeux, décidant de ne pas m’y concentrer d’avantage.

Même si cette action s’était produite durant l’espace d’une seconde, je chuchote à Raphaël ;


Je me recule, le fixant dans les yeux. Soudainement, une voix détourne mon attention.
Une petite brune, nous demande sans AUCUN scrupule de nous écarter.
Je recule, le buste de trois quart, me rapprochant de Nathan, puis plisse des yeux.


J’étais curieuse de sa réponse, une chose ici. L’Administration, c’est pris qu’Apokrys, tu leurs demandes du pain, il te tende une miette.