[NATHAN LEFÈVRE/MARGARET SMITH]LA CURIOSITÉ N'EST PAS QU'UN VILAIN DÉFAUT [SUITE]

Ven 13 Déc - 0:32

Nathan avait rapidement quitté les couloirs du Manoir pour se diriger vers la forêt. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'il était suivi, le murmure qu'il percevait le suivant toujours et devenant de plus en plus perceptible au fur et à mesure qu'il s'éloignait du bâtiment et de sa foule d'étudiants. Il continua d'un pas qu'il jugeait suffisamment vif pour ne pas paraître suspect mais en veillant cependant à ralentir légèrement à chaque tournant pour que la personne qui l'avait pris en filature ne risque pas de le perdre de vue.

En pénétrant dans les bois il repéra du coin de l’œil un mouvement dans les branches. Songe était perché là, observant son manège avec intérêt, se demandant sûrement ce qui pouvait pousser son compagnon à s'aventurer à cette heure entre les arbres. Ils échangèrent un regard et le griffowl se tint tranquille, reportant son attention sur l'orée de la forêt, semblant avoir saisi la situation. Nathan était toujours impressionnée par la capacité d'analyse de son familier, ce dernier n'ayant guère besoin d'explication pour comprendre les problèmes et comportements humains. Sa présence le rassurait également, quelles que soient les intentions de celui qui le suivait il pourrait compter sur Songe pour l'épauler si le besoin s'en faisait sentir.

Il parvint, après quelques minutes de marche, devant un kiosque en fer forgé. L'endroit était parfaitement calme et quasiment silencieux, mis à part le murmure de la rivière qui passait non loin et les légers bruits de la nature qui somnolait encore à cette heure. Il monta les quelques marches qui séparaient le kiosque du sol de la forêt et s'installa sur un banc placé à l'intérieur. Cette place lui offrait une bonne visibilité sur les environs partiellement dégagées et tout particulièrement sur la direction par laquelle il était arrivé. Il se concentra sur le murmure, estimant d'après sa force la distance à laquelle devait trouver celui qui le suivait. S'il ne se trompait pas, il ne devait lui rester que quelques pas à faire avant qu'il ne puisse l'apercevoir. Il profita de ce court instant pour prendre une grande inspiration et se préparer à la rencontre à venir. Quoi qu'on lui veuille il préférait s'y confronter immédiatement et clarifier la situation.

Mar 24 Déc - 20:51

Le jeune homme avait très vite quitté la foule. Margaret avait bien évidemment essayé de garder une certaine distance pour ne pas se faire repérer, d'autant plus maintenant que l'abondance de personnes ne la dissimulait plus. Pourtant, le jeune homme ne semblait pas l'avoir repérée. Quand il avait finit par sortir du Manoir, elle avait hésité. Si jamais elle le suivait, c'était certain qu'il la repérerait.
Si sa raison lui soufflait qu'elle avait bien le droit d'aller dehors et d'aller dans la forêt, que ce n'était pas forcément pour le suivre, une petite voix, tenace, son instinct peut-être, lui disait qu'il le saurait.
Margaret était une jeune femme raisonnable. Elle lui emboîta le pas, à bonne distance, prenant l'air de rien, comme si elle savait précisément où elle allait.

Fort heureusement, BDP la rejoignit bientôt. Le corbeau compris bien vite que non seulement elle était excitée mais qu'elle était aussi stressée. Un croassement interrogatif plus tard, il se posa sur son épaule. Quelques chuchotements d'explication et il repartait, pour suivre le jeune homme aussi. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle faisait cela, mais si c'était important pour elle, ça l'était pour lui, c'était aussi simple que cela.
Soulagée, Margaret prit un sentier différent qui lui permettait de continuer à voir BDP sans être vue du jeune homme.

Le rythme n'était pas soutenu, pourtant elle sentait son cœur battre la chamade et son souffle était court.
Elle comprit bientôt où ils se rendaient : ces chemins menaient à un kiosque perdu dans la forêt, un endroit calme et apaisant. Comme pour confirmer son intuition, le corbeau se percha soudain sur une branche avant de la rejoindre.
Elle s'arrêta un peu avant la bordure de la forêt. Elle ne voyait pas le jeune homme mais elle savait qu'il s'était arrêté.
elle profita de cette pause pour ralentir son souffle et les battements de son cœur. Elle n'était plus très sûre d'avoir fait le bon choix. pourtant quelque chose la poussait à aller au bout désormais. Son obstination peut-être ?

Elle ne pouvait pas, en revanche, arriver l'air de rien et directement se confronter à lui... Filer quelqu'un était une chose, socialiser en était une autre, encore trop dure par bien des aspects à son goût.
Cependant, si elle voulait des réponses, il fallait bien qu'elle lui parle à un moment ou un autre.

Puis, une idée, une illumination : le kiosque était un lieu public et elle avait un livre... Quoi de plus normal que de chercher un bel endroit, calme et un peu reculer, pour profiter de la fin de la journée sans être dérangée ? Forte de cette idée, elle sortit son livre, le cala sous son bras et prit son masque de sociabilité le plus efficace, histoire d'être engageante.
Puis elle s'avança.

Lorsqu'elle franchit les limites de la forêt et pénétra dans la clairière du kiosque, elle eut tout le loisir de le regarder, comme elle le faisait à la bibliothèque : grand, blond, il avait l'air déterminé. Le cœur de la jeune fille reprit un rythme anormal alors que la panique montait en elle : il savait !
Panique aussitôt chassée par sa chère raison : impossible. Elle lui adressa un grand sourire et avança vers le kiosque, une belle construction en fer forgé, tachant d'avoir l'air normal d'une personne normale venant normalement prendre une peu de repos dans un endroit reposant.

— Salut ! lança-t-elle une fois arrivée à portée de voix. Toi aussi tu viens ici pour te retirer du monde ?

En disant cela, elle agita son livre, son grand sourire le plus avenant plaqué dans son visage. Mais dans sa tête tournait le millier de questions qu'elle avait pour lui : pourquoi déposait-il cet origami sur cette table ? Quel lien avait-il avec la jeune femme qui s'y asseyait régulièrement ? Pourquoi un origami d'ailleurs ? Avait-ce une symbolique particulière ? Depuis combien de temps le faisait-il ? Espérait-il une réponse ? Déposait-il des origamis ailleurs ?
Et avec ces questions, la litanie, incessante, obsédante, du doute : il sait... pourvu qu'il ne sache pas... il sait... pourvu qu'il ne devine pas... Mon Dieu, il sait... Non c'est ridicule, comment saurait-il ? Pourtant il sait...

Avec un peu de chance, son approche leur permettrait de nouer un lien qui lui permettrait de répondre à ces questions... Parce que maintenant, elle ne se voyait pas du tout les lui poser sans qu'il ait d'abord abordé le sujet...

Mer 8 Jan - 19:26

Nathan fut surpris de voir une jeune femme s'avancer dans la clairière d'un air avenant. Plus jeune que lui - cela ne l'étonna guère, il était plus âgé que la plupart de étudiants - elle lui était complètement inconnue. Elle affichait un air innocent et s'avança l'air de rien vers le kiosque. Il la suivit du regard tandis qu'elle s'approchait, doutant presque qu'il s'agissait de la personne qui le suivait depuis la bibliothèque. Ce qu'il percevait de ses pensées ne le trompait cependant pas. Dans un endroit si isolé le murmure semblait avoir gagné en puissance, même si ce n'était certainement que par comparaison avec le calme environnant.

Une fois à portée de voix elle le salua avec un calme désarmant. Nathan ne put s'empêcher de lui rendre son sourire, plus déconcerté par la situation qu'il ne s'y attendait. Elle était bonne comédienne et il aurait certainement pu se laisser berner par son attitude innocente si le chaos de ses pensées ne l'avait pas trahie. Il ne parvenait toujours pas à en saisir clairement la teneur mais il savait reconnaître un esprit troublé quand il en entendait un et celui de la jeune femme ne collait définitivement pas avec le rôle qu'elle jouait. Il hésita un instant sur la conduite à tenir. Il ne sentait pas d'animosité de sa part mais il ne pouvait en être certain, elle pouvait très bien le cacher, tout comme elle dissimulait la véritable raison de sa venue au kiosque. Il regrettait de ne pas avoir le talent de sa cousine pour l'observation : elle aurait inspecté chaque faille dans l'expression de la jeune femme, chaque indice révélant ses réelles intentions et aurait immédiatement su de quoi il en retournait. Lui ne pouvait que spéculer lorsque son pouvoir lui faisait défaut et en l'occurrence il était loin d'avoir une idée de ce qu'elle pouvait bien lui vouloir.

Prenant une décision, il se leva et se dirigea vers elle, le point serré. Il fit un réel effort pour garder une expression calme en descendant les quelques marches qu'il avait empruntées plus tôt tandis que son rythme cardiaque s'emballait. Les confrontations n'étaient décidément pas son fort et il espérait que le rouge n'était pas en train de lui monter aux joues. Il se planta devant la jeune femme et ouvrit le poing, paume vers le haut, à hauteur de regard. L'origami rouge qu'il avait conservé depuis sa sortie de la bibliothèque reposait dessus, quelque peu malmené par le peu de délicatesse avec lequel il l'avait tenu. Puisqu'elle l'avait observé à la bibliothèque, elle devrait reconnaître le bout de papier et par là deviner qu'il n'était pas dupe. Le plus rapide aurait été de lui demander ce qu'elle voulait mais Nathan devait composer sans mots et espérait que le message serait suffisamment clair ainsi.

Mer 5 Fév - 17:25

Touché ! Il répondit à son sourire. Margaret cru un instant que son stratagème avait fonctionné. Pourtant, il restait silencieux. Le doute revint. Elle le vit se lever et se diriger vers elle. Son sourire se figea. Elle l'avait tellement observé qu'elle n'eut aucun doute : il était nerveux. La question était de savoir pourquoi !
Quand il se planta devant elle et releva sa main pour l'ouvrir à hauteur de ses yeux, elle recula, instinctivement, d'un pas. Il ne l'aurait pas touchée pourtant. Mais voilà, sa raison s'était mise aux abonnés absents cette fois ! Enfin, son regard fit la mise au point sur ce que contenait sa main : l'origami rouge.

Elle perdit son masque de sociabilité. A quoi bon garder l'air innocent ? De toute évidence, il savait très bien qu'elle l'espionnait. Le savait-il depuis longtemps ? L'avait-il repérée à la bibliothèque ? Ou était-ce le fruit du hasard qu'il la démasque ? Peut-être même l'avait-il piégée ?
Aucun importance.

Elle s'humecta les lèvres, cherchant quelque chose à dire. Mais la seule chose qui lui venait à l'esprit, à cet instant, c'était "GRILLEE !". Pensée guère très mature s'il en est...
Pourtant elle voyait bien qu'il attendait qu'elle dise quelque chose. Pour se donner une contenance, elle rangea calmement - du moins, en apparence - son livre dans son sac, inspirant et expirant à fond une ou deux fois, le plus discrètement possible, au passage, histoire de se calmer.

Elle sentait son cœur battre contre ses côtes. Son cerveau, qui d'habitude ne lui laissait pas le moindre répit, était désespérément vide. Ne sachant pas quoi faire mais ne se résolvant pas à regarder ailleurs, elle fixa sa main.
En fond, un peu flou, elle voyait son visage, résumé par une tâche blonde et une peau pâle. Même comme ça, elle le trouva beau.

Aussitôt eut-elle pensé cela, elle sentit un rire hystérique monter en elle, comme si une pensée adolescente avait le pouvoir de soudain tout faire sortir. Elle se mordit les lèvres mais ne put se retenir longtemps : elle commença par pouffer puis éclata de rire, les larmes aux yeux ; un rire un peu fou et pas du tout joyeux.
Décidément, il devait la prendre pour une folle furieuse.
Elle essaya d'articuler que c'était nerveux, mais s'il comprenait quelque chose ce ne devait être que deux syllabes mal articulée par-ci par-là...

Elle mit un temps interminable à se calmer. Enfin, entre deux hockey de rire, elle réussit à parler.

— Ex... Excuse-moi... C'est... C'est nerveux !

Elle posa son sac au sol puis mis ses mains sur ses hanches et regarda vers le ciel, inspirant et expirant. Si elle n'était pas rouge à cause de son fou rire, elle devait l'être de honte ! Elle était sûre d'avoir perdu le peu de crédibilité qu'elle pouvait avoir.
Enfin calmée, elle put de nouveau le regarder.

— Je suppose que tu veux des explications... ?

Sam 29 Fév - 0:22

A voir l'expression que venait de prendre le visage de la jeune femme, il ne s'était pas trompé. Elle avait en un instant perdu son air cordial - ce qui n'était pas pour rassurer Nathan - et avait rangé le livre qui lui avait servi de prétexte. Pourtant elle ne semblait pas pressée de s'expliquer, laissant planer quelques instants un silence tendu. Nathan sentit sa nervosité augmenter. Il était trop tard pour regretter sa décision d'engager une confrontation directe, aussi tenta-t-il de se concentrer plutôt sur ce que l'esprit de la jeune femme pourrait lui révéler puisqu'elle ne semblait pas disposée à s'exprimer directement.

Un silence répondit à son effort pour capter quelques pensées. Il se passa nerveusement la main dans les cheveux, complètement déstabilisé. D'abord un murmure incompréhensible, et maintenant plus aucun bruit ? Quelque chose devait clocher avec son pouvoir, l'empêchant de l'utiliser correctement. Il n'eut pas le temps de s'inquiéter davantage car un rire coupa net ses interrogations. Il fixa avec incrédulité la jeune femme qui riait désormais aux éclats et laissa les secondes s'écouler, trop perdu pour réagir. Elle essayait visiblement de parler mais son hilarité empêchait Nathan de comprendre ce qu'elle disait. Enfin, elle se calma.

Il hocha la tête en réponse à son explication, encore interloqué par sa réaction. Il en aurait presque oublié pourquoi il était là si elle ne le lui avait pas rappelé. De nouveau, il lui répondit par un hochement de tête avant de lui désigner d'un geste le kiosque. Ils y seraient certainement plus à l'aise pour discuter et il aurait certainement besoin de son carnet qu'il avait laissé dans son sac au pieds du banc sur lequel il s'était installé en attendant qu'elle se montre.

Sans attendre de réponse de sa part, il monta de nouveau les quelques marches et se pencha vers son sac pour attraper son carnet, ainsi qu'une petite bouteille d'eau qu'il lui tendit. Après son fou rire elle risquait d'en avoir besoin.

Dim 22 Mar - 20:42

Prenant un air plus assuré qu'elle ne l'était réellement, elle ramassa son sac et le suivit jusque dans le kiosque, un peu surprise par son silence. Était-il si vexé qu'il ne voulait même pas lui parler ? Ou choqué ? Cela lui semblait peu probable. D'accord, elle l'avait suivi comme une psychopathe l'aurait fait. Ou une fan-girl, ce qui n'était pas si loin de la psychose. Mais de là à être choqué ou vexé...
Elle ne cacha pas sa surprise quand il lui tendit une bouteille d'eau.

— Merci.

Elle s'appliqua à boire une ou deux gorgées, plus pour remettre de l'ordre dans ses pensées que par réelle soif. Puis elle lui rendit sa bouteille avant de s'asseoir.
Elle soupira doucement, regardant droit devant elle, vers la forêt, ne pouvant qu'imaginer la couleur de ses joues, se sentant extrêmement gênée.

— Euh... Alors déjà, je m'appelle Margaret Smith. Je suis en cinquième année. Et je pense que mon curriculum vitae ne t'intéresse pas plus que ça alors je vais enchaîner.

Elle parlait d'une voix rapide, le souffle légèrement court, le cœur battant et l'estomac contracté. Qu'elle détestait devoir socialiser ! Et encore plus rendre des comptes... Enfin, c'était son droit d'exiger d'elle une explication.
Elle se redressa légèrement, s'étant voûtée par réflexe, et posa ses mains serrées sur ses genoux, les bras tendus, essayant d'avoir l'air digne mais se trouvant surtout ridicule.

— Je suis vraiment désolée de t'avoir suivi. En fait, le terme exact serait, sans doute, plutôt espionner... C'est que, il y a quelques temps, je t'ai vu poser un de tes origamis sur une table de la bibliothèque et repartir et... enfin...

Elle inspira un peu plus fort, un de ses doigts venant machinalement tortiller une de ses mèches échappée de sa tresse, évitant toujours le regard du blond.

— En fait, je me demandais pourquoi tu faisais ça... si les origamis avait une signification, un destinataire... Je pense que oui parce que j'ai vu une fille les jeter après, plusieurs fois. Enfin bref, j'étais très curieuse et quand tu ne l'as pas posé aujourd'hui... Je t'ai suivi, sur un coup de tête, histoire de savoir pourquoi...

Soin doigt s'était emmêlé dans sa mèche tant elle l'avait tortillée mais elle s'en moquait, puisque chercher à le décoincer reviendrait à devoir le voir par-delà la mèche qu'elle avait, machinalement, saisie du côté où se trouvait le jeune homme.
Elle conclut, d'une toute petite voix.

— Je suis vraiment désolée.

Lun 23 Mar - 11:07

En la voyant s'asseoir, Nathan l'imita et écouta les explications qu'elle lui donnait au fur et à mesure tout en la dévisageant. Elle avait l'air nerveuse et ses pensées étaient toujours aussi incompréhensibles, ce qui intriguait de plus en plus l'élu. Il sourit à la mention des origamis : que Margaret ait découvert ce qu'il faisait ne l'ennuyait pas, même s'il s'inquiétait un peu de découvrir qu'elle l'observait depuis plus de temps qu'il ne le pensait, et il trouvait sa curiosité plutôt amusante. Enfin, tant qu'elle n'allait pas voir Rhlyka pour la satisfaire. Les origamis agaçaient prodigieusement sa cousine, c'était le but recherché puisqu'une fois suffisamment en colère elle ne pourrait s'empêcher de venir lui en parler - ce qui serait un léger mieux par rapport à l'indifférence totale qu'elle affichait à son égard en ce moment -, et il n'osait songer à la façon dont elle aurait déchargé son ressentiment sur Margaret si celle-ci avait mentionné le sujet.

En entendant ses excuses, Nathan lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, ainsi que quelques mots qu'il nota rapidement sur son carnet.

« Ce n'est pas grave. Mais je dois bien avouer qu'être suivi était un peu déconcertant. La prochaine fois que tu auras une question, viens directement me la poser, d'accord ? »

Il allait lui tendre le carnet lorsqu'il se rendit compte qu'il avait oublié d'inclure son introduction habituelle. Elle l'avait certes observé mais, la bibliothèque n'étant pas un lieu de conversation, elle se demanderait peut-être pourquoi il passait par l'écrit pour s'exprimer, aussi ajouta-t-il une ligne.

« Au fait, je suis muet. Tu peux me parler normalement mais je vais devoir te répondre avec ce carnet, ou en langue des signes si tu la comprends. »

Cette précision ajoutée, il tendit le carnet à Margaret et attendit patiemment qu'elle puisse lire ce qu'il y avait noté.

Mer 25 Mar - 13:49

En entendant seulement le silence lui répondre, Margaret tourna légèrement la tête, pour voir le blond écrire dans un carnet. Était-il en train de noter ce qu'elle disait pour fournir une preuve qu'elle l'avait suivi à un policier qui viendrait l'arrêter pour harcèlement ? Elle sentit les battements de son cœur hésiter entre "rester normaux" et "accélérer ératiquement" pour finalement se décider pour "battre assez fort pour que les sons extérieurs soient étouffés".
Elle s'apprêtait à prendre le carnet qu'il lui tendait, finalement, quand il se ravisa et ajouta quelque chose à la hâte. Intriguée plus qu'inquiète cette fois, elle décoinça son doigt de sa mèche de cheveux, pestant mentalement contre le temps phénoménale qu'elle allait passer à défaire ce seul nœud ensuite, et prit le carnet qu'il lui retendait en souriant.

« Ce n'est pas grave. Mais je dois bien avouer qu'être suivi était un peu déconcertant. La prochaine fois que tu auras une question, viens directement me la poser, d'accord ? » lut-elle, suivi par « Au fait, je suis muet. Tu peux me parler normalement mais je vais devoir te répondre avec ce carnet, ou en langue des signes si tu la comprends. ».

Oh... Surprise, elle comprenait maintenant l'utilité du carnet. Elle le lui rendit en souriant à son tour.

— Désolée, je ne parle pas la langue des signes...

Après une seconde, sans réfléchir, elle ajouta.

— Mais je vais apprendre.

Se rendant compte de ce qu'elle venait de dire, elle se pinça les lèvres puis se racla la gorge.

— Enfin, bref... C'est gentil à toi de ne pas m'en vouloir !

Elle hésita une seconde.

— Du coup.... Est-ce que je peux te poser des questions sur ton origami ? Ou ce serait trop indiscret ?

Une idée en amenant souvent une autre dans son cerveau, elle enchaîna.

— Ah, et, est-ce que tu voudrais bien me dire ton nom ?

Tout à son embarras, et lui sans doute trop intrigué par cette drôle de fille folle qui le stalkait, elle venait de se rendre compte qu'elle ne savait même pas son nom...

Jeu 26 Mar - 7:52

Nathan fut parfaitement surpris de l'entendre dire qu'elle comptait apprendre la langue des signes. Il la dévisagea avec un air interrogateur, se demandant si elle était sérieuse. Personne n'avait fait jusque là l'effort d'apprendre à signer, à l'exception de ses parents et de Rhlyka, même si celle-ci avait clamé qu'elle ne le faisait que parce qu'elle trouvait prodigieusement agaçant de ne pas comprendre ce qui se disait les rares fois où ils se retrouvaient en famille. Certains de ses amis proches connaissaient aussi quelques signes basiques, mais rien qui ne permettait de tenir réellement une conversation. Qu'une personne qu'il venait de rencontrer veuille se lancer dans un tel apprentissage dont elle n'aurait surement jamais l'utilité était très improbable. Néanmoins il n'avait pas eu l'impression qu'elle avait dit ça pour plaisanter, peut-être cherchait-elle juste à être polie d'une façon un peu étrange ?

Il se reprit en entendant l’enchaînement de questions qu'elle commençait à lui poser. Il se rendit compte qu'effectivement il n'avait pas pensé à lui donner son nom et entreprit de se rattraper immédiatement. Il esquissa tout d'abord un signe, suffisamment lentement pour qu'elle puisse le distinguer clairement, avant de continuer par écrit.

« Je m'appelle Nathan, mais ce que je viens de te montrer est mon nom-signe, ça évite d'avoir à épeler entièrement un prénom. »

Il avait rarement l'occasion de se servir de cette particularité de la langue des signes : seuls ses parents l'utilisaient couramment puisqu'ils mettaient un point d'honneur à signer en parlant lorsqu'il se trouvait avec eux afin de ne pas perdre la main. Il répondit ensuite à sa question précédente.

« Tu peux, cela ne me dérange pas. Que veux-tu savoir en particulier ? »

Elle l'avait de toute façon déjà observé jusque là, et il ne voyait pas ce qu'il aurait à cacher sur son comportement. Certes, c'était un peu étrange d'agir comme cela mais sa parenté avec Rhlyka ainsi que leur relation tendue, sans être connues de beaucoup d'élèves, n'était pas non plus un secret au sein du Manoir et il ne se sentait pas embarrassé par le fait de l'expliquer.

HS.:

Ven 27 Mar - 21:14

Son comportement n'ayant pas l'air de vouloir faire fuir le jeune homme, Margaret se sentit d'un coup plus sereine. Bien sûr, sa gêne persistait, quelque part au fond d'elle, prête à resurgir à tout moment, même elle se sentait maintenant curieusement à l'aise.
Elle regarda attentivement le signe que Nathan faisait, enregistrant le majeur par-dessus l'index, le pouce tendu et l'annulaire ainsi que l'auriculaire partiellement repliés. Elle lut ensuite ce que lui disait le blond.

Nathan... Sa passion pour l'étymologie s'éveilla et elle entendit soudain sa petite voix intérieure lui débiter : racine hébraïque "natha", signifie "don" ou "cadeau". Un joli prénom. Elle sourit doucement en lisant la fin du message. Le pauvre ne savait pas dans quoi il s'engageait et elle comptait bien en profiter !

En lui rendant son carnet, elle entreprit d'ordonner ses pensées et ses questions. Pour ce faire, elle se mit à passer ses doigts dans ses cheveux échappés de sa tresse, parfaitement consciente que d'autres allaient venir les rejoindre si elle ne s'arrêtait pas. Mais c'était un geste nécessaire à sa réflexion et à son calme. Un genre de TOC doux, si on voulait.

Sa première question, elle l'aurait voulue, dans l'idéal, sur sa relation avec la fille qu'elle avait vu jeter l'origami. Mais elle écarta cette possibilité, la question étant sans doute trop intime pour commencer. La technique de pliage ? Non, elle avait plus des compliments à cet égard que de questions. Elle nota tout de même dans un coin de son esprit de saisir la moindre occasion pour exprimer son admiration. Elle tria ainsi plusieurs questions, les rangeant méticuleusement dans des tiroirs et des bibliothèques virtuels pour ordonner ce qu'elle appelait sa "chambre mentale". C'était une technique qu'elle avait appris à son arrivée au Manoir, pour ordonner ses pensées et retrouver son calme. Sans grande efficacité parfois, surtout quand elle paniquait en situation de contact social, cette technique lui permettait de réfléchir vite et bien.

Elle se décida donc.

— C'est gentil à toi de bien vouloir me répondre, merci.

Elle avait l'impression de mener une interview. Elle retint un gloussement et continua.

— Du coup...Tu crées ces origamis depuis combien de temps ?

Comme ce n'était pas une question qui demandait de beaucoup développer, elle se permit d'en poser une seconde, immédiatement après.

— Et est-ce que tu en fais toujours la même chose - les déposer sur la table dans la bibliothèque - ou est-ce que tu les dépose ailleurs aussi ?

Elle se souvenait avoir regardé un peu partout où elle allait pour voir si d'autres origamis étaient là, à attendre bien sagement. Mais elle avait dû constater, déçue, que ce n'était pas le cas. Elle en avait déduit que soit le jeune homme, Nathan, ne fréquentait pas les mêmes lieux qu'elle, à part la bibliothèque (lieu de passage obligatoire, par ailleurs, pour tout habitant de l'Institut), soit il ne déposait ses origamis qu'exclusivement sur cette fameuse table.

Attendant impatiemment ses réponses et de pouvoir continuer son interview, elle ne put s'empêcher de penser à son affirmation comme quoi elle allait apprendre la langue des signes. Cela pouvait sembler fou mais en fait, en regardant Nathan lui écrire ses réponses depuis le début de sa conversation, elle ne pouvait s'empêcher de se dire que ce serait un sacré gain de temps !