Un véritable refuge pour les êtres surnaturels, venez en apprendre plus sur notre monde et devenez diplômé du Manoir !
 
Le Deal du moment : -20%
-20% Récupérateur à eau mural 300 ...
Voir le deal
79 €

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas

[Le foyer] Qu’y a-t-il de mieux qu’un peu de ménage pour bien commencer son dimanche ? [Fletcher & Jeanne]

 :: Manoir :: Ailleurs
Dim 1 Déc - 20:50
La lumière filtrant à travers les rideaux de la chambre réveilla peu à peu Jeanne. La jeune fille grogna légèrement et se tourna dans son lit en rabattant sa couverture sur sa tête dans l’espoir de se rendormir. Mais ses pensées dérivèrent rapidement vers la semaine à venir et elle se rendit compte qu’elle n’avait plus sommeil. Elle attrapa alors son téléphone et plissa les yeux lorsque la lumière blanche lui éclaira soudainement le visage. Il était 8h32. Jeanne soupira intérieurement face à son incapacité à faire des grasses matinées. En déverrouillant son téléphone, la sorcière reçut un message de sa mère lui souhaitant un bon dimanche. L’inaptitude à se rendormir passé 8h avait trait à la génétique visiblement.

Les autres filles de la chambre dormaient encore et Jeanne ne voulait pas risquer de les réveiller. Elle enfila donc rapidement un pantalon et un T-Shirt plus présentables que son vieux pyjama bleu à motifs chien, ainsi qu’un pull torsadé bleu pétrole et sa paire de chaussons. Elle prit un sac dans lequel elle plaça rapidement son téléphone, le livre de légendes nordiques qui trônait sur sa table de chevet ainsi qu’un paquet de biscuit. Le processus ne prit que quelques minutes et elle sortit de la chambre sur la pointe des pieds avant de refermer délicatement la porte, soulagée de n’avoir réveillé personne.

Jeanne traversa rapidement le dortoir des Qilinhorn et rejoignit les couloirs du Manoir. Son premier instinct fut de se diriger vers la bibliothèque pour lire tranquillement, avant qu’elle se rappelle que celle-ci était fermée le dimanche. Et puis une bonne tasse de café pour accompagner les biscuits qu’elle avait emportés serait la bienvenue. Elle réorienta donc ses pas vers le foyer général de l’école. Ouvert à tous les élèves, quelle que soit leur maison, le foyer était souvent bondé, les élèves venant y jouer aux cartes sur la pause déjeuner ou y boire un verre (sans alcool bien sûr) le soir avant de rejoindre leurs dortoirs respectifs. Mais Jeanne était certaine d’y être tranquille pour lire, au vu de l’heure et compte-tenu du fait que c’était dimanche matin.

Dans un coin de son esprit, la sorcière sonda les émotions de son familier qui était resté dormir dans la forêt, afin de savoir si elle devait attendre qu’il la rejoigne. Garru, lui aussi bien réveillé et occupé à chercher de quoi se sustenter, paraissait n’avoir aucune envie de venir s’enfermer en cette belle matinée, aussi Jeanne passa devant la porte qui menait aux jardins sans s’arrêter et fila vers le foyer. Elle en ouvrit la porte et s’arrêta net sur le seuil.

-  Bon sang ! S’exclama-t-elle.

Doté de capacités surnaturelles ou non, un adolescent reste un adolescent et ceux qui s’étaient amusés ici la veille semblaient correspondre parfaitement au cliché du jeune pré-pubère : allergiques au rangement et imperméables à la notion de respect en collectivité. Le foyer était dans un désordre monstre. Des verres, plus ou moins remplis, traînaient à divers endroits de la salle, ainsi que des canettes de bières (oublions donc le sans alcool) et cinq ou six boîtes de pizza vides, laissées à même le sol. Les quatre tables du foyer étaient occupées par des jeux : Monopoly, Poker, Risk et cartes à jouées éparpillées sur la dernière table. Les coussins sensés se trouver sur les sofas étaient eux aussi dispersés à travers la pièce. Visiblement, la soirée jeux accompagnée de pizzas initialement organisée s’était terminée en « Qui veut faire des jeux d’alcool et une bataille de coussins ? ».

Jeanne, qui aimait aussi ce genre de soirée, était en revanche relativement agacée par le fait qu’ils soient partis sans ranger. Si elle n’était pas particulièrement organisée dans son espace personnel, que l’on pouvait même parfois qualifier d’un peu bordélique, elle veillait toujours à ranger et nettoyer derrière elle dans les lieux communs. Et quand elle faisait des efforts par respect pour les autres, elle appréciait qu’ils en fassent autant en retour. Elle pesta donc contre ses malappris qui l’obligeaient à ranger le foyer en ce dimanche matin.

Avant toute chose, Jeanne posa son sac dans un coin et lança un café. Puis, les mains sur les hanches, elle embrassa la salle du regard, cherchant par quoi commencer. La jeune fille se décida sur le rangement des jeux, cela libérerait de la place pour entreposer les verres et les canettes par la suite. Elle s’occupa du jeu de carte en premier, puis passa au Monopoly avant de se diriger vers la table où était entreposé le Risk. Cela prit tellement de temps de trier toutes les petites pièces du jeu, après avoir retrouvé et ramassées celles qui étaient tombées par terre, que le café était maintenant prêt et qu’elle commençait à présent à râler à haute voix. D’autant plus qu’il manquait encore les dés.

Jeanne les chercha d’abord par terre. Elle en profita pour ramasser les coussins et les boîtes de pizza histoire d’y voir plus clair, mais ne trouva rien. Elle regarda alors sous le canapé, en vain. Elle se redressa avec la ferme intention d’abandonner, puisqu’après tout rien de tout cela n’était de sa faute, lorsqu’elle les repéra sous un meuble de rangement. Allongée à plat ventre sur le sol, elle dût tendre le bras au maximum pour réussir à les atteindre. Elle ramena alors son bras vers elle (ainsi que bon nombre de toiles d’araignées et objets non identifiés à l’allure et à la texture douteuse) avant de se redresser à nouveau pour de mettre debout. Se faisant, elle bouscula la table la plus proche. Un verre, à moitié plein bien évidemment, et placé plus proche du bord que les autres, bascula et se brisa en mille morceaux sur le sol, répandant son contenu sur le parquet.

- Alors ça c’est le summum ! Pesta Jeanne. Il va falloir que je passe la serpillère maintenant. Si je retrouve ceux qui ont fait ça, je jure que je leur fais bouffer leurs dés !

Le karma était clairement contre elle aujourd’hui.
Revenir en haut Aller en bas
Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35495
Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeu 5 Déc - 12:09


« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

Dimanche, au lieu d’être le jour réservé à Dieu, était celui de la lecture d’une œuvre ; plus précisément, d’une œuvre française. Ainsi, ce dimanche était le jour de la lecture de L’Étranger, d’Albert Camus. Le livre n’était pas très long – une centaine de pages – ; ainsi, le mâle comptait bien le finir aujourd’hui. Sa dernière lecture avait été La première fois, j’avais six ans… d’Isabelle Aubry : il s’agissait d’un livre autobiographique, racontant principalement le viol incestueux qu’avait subi l’auteure de la part de son père, ainsi que la reconstruction de sa vie après ces années de torture.
L’une des phrases de ce livre l’avait marqué : « Qui n’a jamais souffert est mal placé pour parler de la souffrance. » Cette phrase lui avait conseillé de mettre un marque-page pour ne pas perdre sa progression dans l’histoire, afin de faire une pause et de réfléchir à ce qu’elle [la phrase] représentait. Ou plutôt, à si elle le représentait : était-il mal placé pour parler de la souffrance ? Ou la connaissait-il au contraire très bien ? Il avait souffert physiquement, comme tout le monde ; il se souvenait notamment avec douleur de sa première transformation – il s’était évanoui, submergé par le mal. Depuis son entrée au Manoir, néanmoins, avait-il réellement souffert ? Résumons la situation : il avait des amis, Grand-Père Leo, une scolarité satisfaisante, des amourettes, et, pour tacher le tout, une aversion profonde envers sa part animale. Ainsi, avait-il souffert ? sûrement. Il n’avait peut-être pas connu la véritable souffrance, celle qui tuait à petit feu – quoi qu’une part de lui se montrait de moins en moins présente – ; mais l’on pouvait au moins dire qu’il connaissait la souffrance légère, celle qui arrachait des parts de bonheur et ne les rendait jamais. Au moins n’en prenait-elle qu’un petit bout, minuscule, qui venait parfois à être oublié.
Ainsi, cette phrase l’avait marqué et fait réfléchir sur sa propre condition.

« J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. »

Il lisait. Sans ses fausses lunettes, parce que c’était dimanche et que tout le monde dormait ; il n’avait pas besoin de faire croire qu’il était intelligent. Nous savons très bien qu’il l’est, et avec nous, il n’a pas besoin de se cacher. Donc, il lisait : il lisait avec plaisir, un léger sourire aux lèvres, les sourcils à peine froncés parce qu’il était concentré, le livre dans une main assurée qui caressait les pages du bout des doigts.
Une partie du résumé lui revenait en mémoire : « La conscience de n’être sur la terre qu’en sursis, d’une mort qui, quoi qu’il arrive, arrivera, sans espoir de salut. Et comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ? » Ainsi, ils étaient prisonniers de la vie ; mais également de la mort ! La mort nous gardait jusqu’à la fin des temps. La vie, elle, nous laissait partir au bout d’un moment : la vie était donc bel et bien un sursis. Dans ce cas, Camus avait raison : comment être autre chose qu’indifférent à tout après ça ? Une fois que l’on comprenait que notre vie n’était rien d’autre qu’un sursis, il était difficile de ne pas déprimer. Le mâle, lui, déprimait à moitié : il faudrait qu’il finisse sa lecture (qu’il venait à peine de commencer) pour savoir si sa déprime serait complète ou non.
Ainsi, sa lecture venait de commencer mais il déprimait déjà à moitié.

« C’était peut-être hier. »

Il avait quitté le dortoir des Phoenixwhiff pour se diriger vers le foyer général. Il allait au foyer tous les dimanches, le matin de préférence, afin d’échapper à l’agitation du dortoir et d’éviter de déranger ses meilleurs amis, Raphaël et Kurt (aussi appelés Mouton et Yogurt). Il se levait généralement tôt, vers cinq ou six heures du matin, et s’empressait alors de quitter la chambre en silence pour se diriger dans l’endroit désert que représentait le foyer.
Ce dimanche-ci, il s’était comme toujours levé à six heures du matin. Il avait somnolé une heure durant, puis avait passé une autre heure à terminer ses devoirs pour le lendemain. Il n’était pas le meilleur élève de la classe, mais il n’était pas le pire non plus : il était au milieu, très bon dans certaines matières, médiocre dans d’autres. Il n’avait pas à se plaindre ; il avait presque tout ce dont il pouvait rêver.
Il avait donc passé, après avoir fignolé ses travaux, une demi-heure à consulter sa liste de lecture, à chercher le dit-livre dans son sac de sport (qui était plus sa bibliothèque personnelle qu’autre chose), à l’admirer comme on admirerait un tableau de Van Gogh. Il s’était pratiquement extasié devant la couverture, le résumé, les premières pages contenant une biographie de l’auteur. Il y avait, à la fin du livre, un dossier avec analyse du texte ; c’était un dossier conseillé aux classes lycéennes ; le mâle aimait lire les analyses de livre : il les trouvait intéressantes, fascinantes. De plus, cela contribuait à son amélioration personnelle.

À huit heures trente, il avait décidé qu’il irait au foyer. Il s’était exceptionnellement permis de rester plus longtemps dans la chambre ; ses devoirs ne lui avaient pas demandé de lire à voix haute pour tenter de mieux comprendre. Le grattement du crayon contre le papier n’avait pas réveillé ses amis. En somme, tout était bien ; tout était calme.
Son horloge interne lui avait indiqué qu’il était l’heure de se lever. Il avait tout de même vérifié son téléphone, afin de voir s’il était en avance ou en retard : huit heures trente-deux. Le mâle avait haussé un sourcil appréciateur : il s’améliorait. Il s’entraînait depuis des années à deviner l’heure à l’instinct ; c’était à vrai dire au départ une activité qu’il pratiquait lorsqu’il s’ennuyait. Néanmoins, au fur et à mesure, il avait pris de plus en plus de plaisir à faire confiance à son instinct ; ce dernier s’améliorait. Il avait en tout cas cette impression.
Le mâle s’était donc levé de son lit, et s’était dirigé vers la porte de la chambre. Il avait quitté la pièce sans faire de bruit, son livre dans une main, la poignée dans l’autre. Ce fut ainsi qu’il se retrouva dans le couloir menant au foyer, lisant et caressant les pages.

Il prit son temps pour aller au foyer ; c’est pourquoi, au lieu de mettre un peu moins de cinq minutes, il prit un peu moins de dix minutes : c’est qu’il lui arrivait de s’arrêter pour tourner les pages, s’attarder sur un passage, réfléchir sur le sens des phrases. C’est qu’il était captivé, l’hybride.
Il arriva finalement au foyer, et, gardant son doigt entre les pages afin de ne pas perdre sa progression, ouvrit la porte… pour entendre quelqu’un pester. Cette personne – qui était de toute évidence une femme – fulminait, comme quoi c’était le summum, comme quoi elle devrait passer la serpillière, comme quoi elle ferait « bouffer leurs dés » à ceux qui avaient fait ça. Entendant ces paroles, le mâle se montra curieux : qui avait fait quoi ?
Il referma la porte derrière-lui : cette dernière claqua avec douceur. Là, en face de lui, se trouvait une jeune fille aux cheveux bruns et à la peau blanche. Elle semblait plus petite que lui : mais avec son mètre quatre-vingt-cinq, il n’était pas rare qu’il dépasse les femmes – parfois même les hommes – en taille. Elle semblait mignonne, surtout ainsi : toute furibonde. Il trouvait les femmes particulièrement belles énervées ; encore plus heureuses, bien sûr, mais il les adorait tout de même en colère. Leurs joues rouges, leurs sourcils froncés, le myosis qui se créait dans leurs yeux… il trouvait cela poétique, une femme agacée.

Mais la poésie ne passait pas devant le bien-être, du moins pour lui. Leur colère, si trop grande, détruisait leurs neurones un à un ; notamment ceux du lobe frontal. Qu’il serait dommage de se retrouver avec un légume, une beauté incapable de ressentir, de se concentrer, de planifier, de juger, d’inhiber, de créer.
Ainsi, il ne souhaitait pas qu’elle s’énervât, car elle risquait de se faire du mal. Léger en apparence, le mal, mais le mâle – bien que n’étant pas un expert en neurologie – pensait qu’un neurone prenait du temps à se reconstruire. Peut-être avait-il raison ; peut-être pas. Le plus important, pour le moment, était de calmer cette belle furibonde.
Il vit les éclats de verre sur le sol, et comprit très vite la situation. Ne souhaitant pas qu’elle se coupe, il lui dit d’une voix douce et suave, tout en allant chercher dans les tiroirs de quoi balayer le sol :

« Tu ne devrais pas t’énerver ; ça te fera plus de mal qu’autre chose. (Il posa son livre après avoir retenu le numéro de la page – quel idiot il faisait : il avait oublié son marque-page –, puis s’accroupit pour atteindre les tiroirs où les femmes de ménage rangeaient les produits ménagers.) Inspire et expire profondément, tout en comptant jusqu’à dix. Si ça ne marche pas, recommence. (Il attrapa une balayette à la couleur criarde et tourna la tête vers la jeune fille. Il lui offrit un sourire qui plissa légèrement ses yeux.) J’ai lu ça dans une BD. »

Une fois la balayette et tout l’attirail qui allait avec en main, il retourna vers la belle furibonde tout en balayant la pièce du regard : quiconque avait été dans cette pièce ne connaissait pas la notion de respect. Des cartons de pizza, des canettes de bière, des verres (plus ou moins remplis pour certains)… le foyer était devenu un taudis. Et l’un des clichés sur les adolescents se confirmait : ces derniers ne pouvaient être propres. Ou alors, peut-être avaient-ils reporté le ménage au lendemain ? oui, espérons que ce soit cela.
Une fois face à la brune, il mit un genou à terre et commença à balayer les débris de verre. Il le faisait lentement, calmement, doucement ; il ne savait pas pour elle, mais lui avait tout son temps. Sa lecture pouvait attendre, et il ne mettrait qu’une petite heure à finir son roman. Alors, il balaya ; il balaya avec soin, comme si sa vie en dépendait. Le ménage lui vidait la tête ; il n’entendait plus la bête. Elle qui avait ouvert un œil ensommeillé lorsque la belle furibonde avait pesté. Le félin guettait le moindre faux pas ; mais les barreaux se resserraient lorsque l’esprit du mâle était vide ; parce qu’il ne pouvait plus entendre la bête.
Tout en balayant, il lança un regard à la jeune fille face à lui. Il lui offrit un autre sourire.

« Comment tu t’appelles ? Et, tu pourrais aller prendre une serpillière ? Il doit y en avoir une dans le placard. J’ai presque fini. »

Sur ces quelques mots, il se redressa et alla jeter le verre dans la poubelle. Elle risquait, après le ménage entier de la salle, d’être remplie ; il la jetterait. Après tout, faire le ménage ne le dérangeait pas tant que cela.
Revenir en haut Aller en bas
Fletcher Bowman
Phoenixwhiff
Fletcher Bowman
Fletcher Bowman
Age : 21
Espèce : hybride.
Pouvoir : transformation en guépard.
Occupation : étudiant, en train de danser ou de lire.
Points : 35220
Localisation : avec Yogurt et Mouton.
Fletcher Bowman
Ven 6 Déc - 20:54
Jeanne tourna brusquement la tête au son du claquement de la porte. Un autre élève venait d’entrer dans le foyer et, tout à son énervement, la jeune fille ne l’avait pas entendu. Ils se scrutèrent mutuellement et cela fit retomber un peu son irritation. C’était un grand brun qu’elle ne connaissait pas, le seul brun qu’elle connaissait pour le moment étant Maximilien le jardinier du Manoir. Il lui semblait cependant l’avoir déjà croisé plusieurs fois, au détour d’un couloir ou au réfectoire peut-être. Il était souvent accompagné de deux autres garçons.

Le regard du brun se dirigea alors vers le sol, aux pieds de Jeanne, sur les éclats de verre. Jeanne ouvrit la bouche dans une tentative d’explication de la situation. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle était responsable de l’état du foyer. Mais la simple idée de devoir se justifier à la place de malotrus, auprès d’un inconnu qui plus était, fit ressurgir son agacement. Jeanne referma la bouche puisqu’elle n’avait rien à dire au final, et puis le garçon s’était dirigé vers les tiroirs près de l’évier pour en sortir une pelle à poussière et une balayette, avant qu’elle n’ait pu placer un mot. Lui avait des choses à dire visiblement, il s’exprima d’une voix douce, lui conseillant de ne pas s’énerver. Ce n’était pas elle qui se faisait du mal ; non. Ceux qui l’obligeaient à ranger à leur place lui faisaient du mal ! Bon, obliger était un terme un peu fort peut-être, après tout elle aurait pu repartir en laissant tout en plan. Mais il fallait bien que quelqu’un s’en occupe.

Elle pinça les lèvres en entendant la suite des consignes du jeune homme, dubitative. Elle prit néanmoins une profonde inspiration. Le sourire charmant offert par le brun lui fit oublier de recracher son air. Ce fut en apnée qu’elle le vit s’approcher, s’agenouiller prestement devant elle et commencer à balayer les bouts de verre. Expirant un peu plus vite que prévu, Jeanne amorça un geste vers le garçon, censé être accompagné d’une phrase lui demandant de ne rien en faire, elle allait s’en occuper ; mais rien ne vint, pour la seconde fois en deux minutes. Etait-elle devenue muette ? C’était tout comme en tout cas. Sa main retomba le long de son corps et elle resta à le regarder balayer, les bras ballants. Il fallait dire qu’il faisait ça bien. Ses gestes étaient fluides, assurés et tous les bouts de verre étaient poussés bien sagement au fond de la pelle à poussière.

Leurs regards se croisèrent de nouveau, accompagnés d’un sourire auquel elle répondit naturellement. De près, elle put voir un peu mieux la couleur ambrée des yeux du jeune homme, tout aussi charmants que son sourire. Il lui demanda son prénom, ainsi qu’une serpillière. Cette fois, la langue de Jeanne accepta de fonctionner.

- Oui, bien sûr ! Je t’apporte ça tout de suite, répondit-elle.

La sorcière ouvrit le placard qu’il avait indiqué et attrapa un seau et une serpillière. Pendant qu’il terminait son balayage et jetait le verre brisé, elle remplit son seau avec de l’eau tiède car la jeune fille n’avait pas eu la patience d’attendre qu’elle chauffe. Elle allait ensuite se diriger vers le garçon pour lui donner son attirail mais elle s’arrêta réalisant ce qu’elle était en train de faire. Il ne lui avait pas demandé de lui apporter une serpillière mais de prendre une serpillière et elle avait tout bonnement supposé qu’il allait nettoyer ses bêtises à sa place. C’était un comportement assez hypocrite venant de la part de celle qui, quelques minutes avant, râlait parce qu’elle nettoyait les bêtises des autres. Cela acheva de la calmer.

- Merci d’avoir ramassé les morceaux, je vais m’occuper du reste. C’est à cause de moi que le verre est tombé de toute façon. Et merci pour le conseil, c’était efficace.

Elle posa le seau à côté de la flaque de bière, y trempa sa serpillière en veillant à bien l’humidifier et l’essora vigoureusement. En commençant à éponger le liquide, elle ajouta à l’attention du jeune homme.

- Il y a du café de prêt si ça te fait envie. Ou si tu veux m’aider, tu peux empiler les verres et les mettre dans l’évier. Enfin à côté plutôt, parce qu’il faudra que je rince la serpillière quand j’aurais terminé.

L’eau tiède fit remonter l’odeur de bière. Ces effluves, dès le matin et le ventre vide, écoeurèrent un peu Jeanne qui se dépêcha d’en finir. Elle décrocha le manche de la serpillière, laissant la partie absorbante dans l’eau, et emporta le tout vers l’évier dans lequel elle versa l’eau sale. En rinçant le tissu malodorant, elle se rendit compte qu’elle avait oublié de répondre à la question du jeune homme.

- Je m’appelle Jeanne au fait. Je pensais vraiment être tranquille en venant ici de bonne heure pour lire, mais c’est raté. Et toi, qu’est-ce qui t’amène ici aussi tôt, … ?

Elle chercha son prénom puis se rendit compte qu’elle ne le lui avait pas demandé.

- Quelle malpolie, j’oublie de te répondre et en plus, je ne te renvoie même pas la pareille ! C’est quoi ton prénom ?

Elle essora la serpillière une dernière fois avant de la poser sur le dos d’une chaise pour qu’elle sèche. La sorcière se servit ensuite une tasse de café bien méritée, pour tenter de chasser l’odeur de bière qui lui était restée dans le nez.
Revenir en haut Aller en bas
Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35495
Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeu 26 Mar - 17:46


Il fallait parler d'une voix douce pour calmer la belle furibonde. Dans une autre situation, dans un autre endroit, dans un autre temps, il ne l'aurait pas calmée ainsi. Il l'aurait relevée en attrapant délicatement sa main qui semblait si douce, et l'aurait fait virevolter autour des débris. Il aurait étreint son corps mince d'un bras, caressé sa joue ronde d'une main. Puis ils auraient dansé.
Peut-être aurait-elle été maladroite ; mais qu'importe. Sa rage l'aurait aidée à mieux danser. Puis, la rage aurait laissé place à quelque chose d'autre ; quoi ? il l'ignorait. Mais, oh, ç'aurait été si beau.
Joueur comme il était, il aurait fait se frôler les lèvres, les nez, les peaux. Les cheveux de la furibonde, attachés en chignon tressé bas, son visage fortement maquillé, tout cela à la mode des années vingt. Son corps menu contre le sien, puissant et agile, les muscles de son dos contre les muscles de son torse. Un paso doble des plus sublimes.

Mais cessons la fantaisie. Cessons ce qui aurait pu être dans une autre vie, mais qui n'est pas aujourd'hui.
Il parlait donc d'une voix douce afin d'apaiser la furibonde. Il lui donnait des consignes, en espérant que dans cette période troublée il puisse se le permettre ; il ne voudrait pas jouer au mâle dominant. Car, bien que dominant, il ne l'était que sous certaines conditions. L'une d'elles était qu'il fallait que l'autre ressente l'envie ou le besoin d'être dominé par lui. Aux yeux du mâle, cela n'avait rien de malsain ; il ne s'agissait que d'un accord entre deux êtres. Mais elle, la belle furibonde, souhaitait-elle être dominée ? Il ne la voyait pas dominer dans certains domaines ; dans d'autres, par contre... elle serait au milieu, s'il se basait sur la première impression et son instinct.
Malgré tout, dans ce monde divisé, il ne souhaitait pas qu'elle prenne mal ses paroles censées l'aider (mais souhaitait-elle être aidée ? Oh, tout cela était bien compliqué).

C'est alors qu'il lui sourit. Peut-être fût-ce pour lui montrer qu'il ne lui voulait pas de mal, qu'il ne voulait pas jouer au mâle, qu'il ne souhaitait pas qu'elle se porte mal, tout simplement.
Il lui sourit sincèrement, d'un sourire qui faisait plisser les yeux et remonter les pommettes ; d'un sourire qui montrait ses fossettes. Parce qu'il en avait ! de très légères, qui ne se remarquaient pas toujours, qui avaient plus une forme d'étoile que d'accent circonflexe penché, mais des fossettes tout de même.
Il alla jusqu'à elle et s'agenouilla avec la grâce du danseur en lui (peut-être aussi celle du guépard, mais ne ruinons pas ce calme moment en appelant la bête).

Il balayait avec tant de soin et d'application qu'il ne remarqua pas le geste de la furibonde envers lui, ce geste commencé puis abandonné. Au fond, la bête ne dormait plus ; mais elle n'était pas complètement réveillée non plus. Elle avait ouvert un œil, ses ronflements s'étaient faits moins sourds, et son corps se tendait et se détendait au fil des secondes. Le monstre était ensommeillé ; et c'était mieux ainsi. Ainsi, le mâle pouvait se concentrer sur sa tâche actuelle : nettoyer avec la furibonde.
Les barreaux de la cage s'étaient resserrés. Alors, la bête ne tenta rien ; elle n'était pas stupide. Elle ne tourmenterait pas le jeune homme. Pas pour l'instant.

Alors qu'il finissait de balayer, il s'autorisa un regard. Ses yeux de whisky pur rencontrèrent ceux de la jeune fille, sombres. Se noyait-il dans cette obscurité ? Pourrait-il ? sûrement pas. Elle était belle énervée, et belle tout court, mais il ne ressentait pas une once d'attirance envers elle.
Il savait reconnaître la beauté lorsqu'il la voyait. Sans doute était-il conformé à toutes les idées reçues sur la beauté de la société, mais il n'en avait cure. La furibonde était belle, d'une beauté qu'il ne qualifierait ni de banale, ni de spéciale. D'une beauté qui était, tout simplement.

Un autre sourire. Et elle lui répondit. D'un doux sourire qui la rendait plus belle encore. Le regard du mâle s'attendrit face à ce spectacle si doux.
Il lui demanda alors comment elle s'appelait, et si elle pouvait aller prendre une serpillière. Pas lui apporter, non, en prendre une. Il ne comptait tout de même pas faire le ménage seul ! ce serait abuser de sa gentillesse.
Elle se leva chercher l'attirail nécessaire alors qu'il faisait de même, mais pour jeter les débris dans la poubelle. Poubelle qui serait sans doute remplie, mais c'était le prix à payer pour avoir un foyer de nouveau propre. Mais, oh, ne devenait-il pas quelque peu dramatique ? « Prix à payer » semblait un peu fort ; mais le drame ne faisait-il pas partie de sa vie ?
Qu'importe.

Elle le remercia d'avoir ramassé les morceaux et lui dit qu'elle allait s'occuper du reste. La façon qu'elle avait d'assumer sa faute la rendait un peu plus belle aux yeux du félin ; malgré tout, toujours pas une once d'attirance envers elle. Était-ce cruel, de la penser belle sans avoir d'attirance envers elle ? Alors qu'elle essorait vigoureusement, il l'observait d'un regard nouveau. Au revoir, la furibonde ; bonjour, la méticuleuse.
Tandis qu'elle épongeait le liquide et qu'il se perdait dans les traits de son visage juvénile, elle ajouta qu'il y avait du café, s'il le souhaitait ; souhaitait-il du café ? Ou souhaitait-il danser avec elle ? C'était comme un besoin qui se faisait tout à coup ressentir : la faire virevolter, soutenir sa jambe d'un toucher amical (bien qu'ils ne soient pas amis), rapprocher leurs visages pour régaler le public imaginaire.
Le mâle était théâtral lorsque ses pensées s'arrêtaient sur la danse. Le mâle n'était plus si joueur que ça ; il le restait, bien sûr, mais moins. Il ressentait avec l'autre, voilà ce qui était. Que leur danse aurait été belle sur du Hako Yamasaki, peut-être sur Help me ou Wandering !

Le Japon des années 70 les aurait accueillis. Ils se seraient baladés dans les rues, leur vie serait devenue une comédie musicale  à la La La Land. Ils auraient chanté. Il imaginait sa voix de chant douce, aussi douce que sa peau semblait l'être ; mais il y aurait cette violence sous-cachée, cette violence qui lui permettrait d'attendre les notes les plus hautes.
Et lui ? Lui, il ne chantait ni bien ni mal ; il était dans la norme, il pouvait obtenir un joli son s'il le souhaitait véritablement, mais à part pour séduire, ça ne lui servait pas à grand-chose.
Comment aurait-il séduit la méticuleuse ? Était-elle la même ? Un sourire et une caresse sur la joue pourraient-ils la désarmer ? Oh, il avait envie d'essayer.

« Plus tard. », pensa-t-il. Les effluves de bière remontaient jusqu'à ses narines ; son odorat plus développé que celui d'un humain normal le fit froncer les sourcils et le nez dans une grimace. Il se redirigea vers la table où se trouvaient des verres, afin de les empiler et de les mettre près de l'évier. « Après le ménage. »
Oui. Après le ménage, ils pourraient jouer.

La méticuleuse lui offrit alors son nom. Jeanne. Jeanne comme Jeanne d'Arc, Jeanne comme « Dieu pardonne », Jeanne comme la méticuleuse furibonde.
Et ce nom lui allait à ravir.
Alors que le mâle posait délicatement les verres empilés près de l'évier, il resta dos à la méticuleuse – Jeanne – pendant de longues secondes, sans rien dire.

Qu'importe qu'elle vienne ici pour lire, qu'importe qu'elle lui pose une question sur sa propre venue, qu'importe tout cela.
Elle s'appelait Jeanne, et ce nom sortait de sa bouche dans un doux souffle. Il le répéta presque sans un bruit, dans un murmure que lui seul pouvait percevoir. Et alors qu'elle lui demandait son propre prénom, il se retourna vers elle avec un autre sourire, moins grand, plus vrai (bien que l'autre n'ait pas été faux), pas attendri mais quelque chose de proche de ce sentiment.

« Je m'appelle Fletcher. (Il ne pouvait empêcher son accent australien d'apparaître lorsqu'il prononçait son prénom. Fletch-uh, pouvait-on entendre.) Je suis venu pour lire également. Je trouve le silence matinal très agréable. »

Et elle s'était rapprochée du félin pour se servir une tasse de café. Faisaient-ils une pause ? Pouvait-il se permettre de commencer le jeu ? Ou serait-ce trop déraisonnable ?
Lascivement, il se mit à côté d'elle ; il s'était déplacé si gracieusement que l'on aurait pu croire qu'il lévitait.

Imitant la belle Jeanne, il attrapa un mug et attendit qu'elle ait fini de faire son café pour préparer le sien. Oh, rien de bien compliqué, la machine faisait le plus gros du travail.
Il inséra la capsule dès que la place fut libre. Il n'était pas friand de café, mais ne le détestait pas non plus. Il lui arrivait d'en prendre, plus pour rester éveillé tard le soir que pour se réveiller le matin.
Le bruit de la machine emplit la pièce. Durant ces longues minutes où son mug se remplissait, le mâle observa Jeanne par-dessous ses cils. Le monstre somnolent observait d'un regard amorphe, mais ne faisait rien.

Le café fut prêt.
Le mâle attrapa son mug et souffla sur sa boisson ; il porta ensuite la grande tasse à ses lèvres. Il ne put empêcher un bruit de déglutition de sortir, mais ne s'en inquiéta pas : il faudrait être bien enfantin pour se soucier de ce genre de chose.
Lorsqu'il eut avalé sa gorgée, il baissa le mug pour que son visage soit vu en entier, et non plus caché ; alors, sans cesser de fixer Jeanne (pas d'un air gênant, du moins il l'espérait ; il la fixait moins de dix secondes et détournait ensuite le regard, pour mieux reposer les yeux sur elle), il passa le bout de sa langue sur ses lèvres.

Il inspira doucement par la bouche, dents serrées, ce qui créa un souffle aigu et creux.
Il entrouvrit alors les lèvres :

« Dis-moi, Jeanne..., commença-t-il en laissant son prénom sortir de la plus douce des manières qu'il soit. (Sa voix avait baissé de quelques octaves sans qu'il le souhaite ; la séduction voulait sa place dans la partie.) D'où viens-tu, si ce n'est pas indiscret ? »

Il voulait apprendre à la connaître. Pas parce qu'elle était une furibonde et une méticuleuse à la fois. Plutôt parce qu'elle s'appelait Jeanne et qu'il adorait la façon dont son prénom sonnait.
Revenir en haut Aller en bas
Fletcher Bowman
Phoenixwhiff
Fletcher Bowman
Fletcher Bowman
Age : 21
Espèce : hybride.
Pouvoir : transformation en guépard.
Occupation : étudiant, en train de danser ou de lire.
Points : 35220
Localisation : avec Yogurt et Mouton.
Fletcher Bowman
Dim 29 Mar - 19:06
Alors qu’elle rinçait la serpillière, Jeanne vit du coin de l’œil le garçon s’approcher et déposer une pile de verres près de l’évier, l’aidant un peu plus dans sa besogne. Elle se dit qu’il était bien aimable, de ne pas s’offusquer qu’elle lui demande de travailler alors qu’il ne la connaissait pas et qu’il venait tout juste d’arriver. Mais c’est lui qui avait commencé. Il lui avait tendu la perche en ramassant le verre brisé, elle n’avait fait que la saisir. Le garçon lui montrait son dos, dont elle put admirer la largeur quelques secondes, pas trop longtemps, pour ne pas qu’il le remarque s’il venait à se retourner. Un léger sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas croisé un dos aussi agréable à regarder. Elle laissa ses yeux remonter jusqu’à la nuque, l’effleura du regard avant de se détourner pour poser sa serpillière sur une chaise.

Jeanne revint vers la machine à café, et vers Fletcher, puisque c’était son prénom, par la même occasion. Il avait prononcé son prénom avec un accent, mais elle ne fut pas capable d’en reconnaître l’origine. Il venait d’un pays anglophone en tout cas, de cela elle était sûre.  Elle choisit une dosette du café le plus fort, elle en avait bien besoin pour se remettre du fait d’avoir dû laver le foyer un dimanche matin, et lança la machine. Elle n’avait pas vu que Fletcher s’était approché.

Donc, Fletcher et elle avaient eu la même idée constata-t-elle, alors que l’eau chaude commençait à couler doucement dans sa tasse. Elle releva les yeux de son café pour demander au brun ce qu’il avait prévu de lire et tomba nez à nez avec son torse. Nez à torse donc. Et, au-dessus des effluves de café, Jeanne sentit très distinctement l’odeur de Fletcher. Pas son parfum, c’était dimanche, il n’avait pas dû en mettre, évidement. Pas l’odeur de son savon non plus ; non, son odeur, la vraie. Celle qui vous caractérise. Celle que vos proches connaissent par cœur. Celle qui repousse, ou qui séduit. Celle, enfin, qui frappa Jeanne de plein fouet, électrisant son corps. Elle oublia sa question. Ou plutôt, elle la remplaça par une autre : comment était-il possible de sentir aussi bon ? Décidemment, Fletcher avait le don de la rendre muette. Gênée, elle fit un pas en arrière et détourna le regard, se concentrant à nouveau sur son café, en silence.

Jeanne attrapa sa tasse dès que le café eut terminé de couler, et fit un pas de plus en arrière, pour laisser Fletcher se servir à son tour, mais aussi pour mettre un peu plus de distance entre elle et l’odeur enivrante. Elle porta la tasse, non pas à ses lèvres, le liquide était encore trop brûlant pour être bu sans risques, mais à ses narines. La sorcière inspira doucement et longuement, cela mis de l’ordre dans ses pensées et elle retrouva l’usage de la parole.

- C’est l’un des avantages de se lever tôt, n’est-ce pas ? Tout est si calme qu’on a l’impression que le temps est suspendu.

Cela n’attendait pas vraiment de réponse et Jeanne se détourna un instant du garçon. Elle profita du fait qu’il se prépare lui aussi un café pour farfouiller dans son sac, après avoir posé sa tasse sur une des tables maintenant propres, à la recherche des petits gâteaux qu’elle avait apportés. Son ventre s’était doucement réveillé et se rappelait à son bon souvenir. Le paquet à peine sorti de son sac, elle l’ouvrit et cala un biscuit entre ses lèvres le temps de refermer son sac ; c’étaient des cookies au pépites de chocolat noir, ses préférés. Elle laissa son livre car curieusement, l’envie de lire lui était passée. Elle posa le paquet ouvert sur le plan de travail, près de la machine à café.

- Sers-toi si tu as faim, proposa-t-elle.

Fletcher la regardait, attendant son propre café qui était en préparation. Attendait-il qu’elle dise quelque chose d’autre ? Qu’elle lance une conversation ? Son esprit était un désert. Qu’elle le remercie ? Il lui semblait l’avoir déjà fait. Jeanne prit sa tasse pour se donner une contenance. Le liquide avait refroidi, elle en but une gorgée, cherchant du regard le livre avait apporté pour lire, afin d’avoir un sujet sur lequel parler. Revenant bredouille de cette fouille visuelle, son regard se posa à nouveau sur le visage de Fletcher, au moment exact où il passa sa langue sur ses lèvres. Jeanne replongea aussitôt le nez dans son café. « Non ! » intima-t-elle à son imagination, prête à s’enflammer.

Mais Fletcher n’y mettait pas du sien, s'adressant à Jeanne d’une voix basse et douce, comme une caresse. Elle ne put faire autrement que de le regarder à nouveau et de réfléchir à la question qu’il venait de formuler. Son formidable humour proposa de répondre qu’elle venait de sa chambre mais son amour-propre refusa.

- Ça n’est pas indiscret…

Elle hésita ensuite à simplement dire qu’elle venait de la montagne, supposant que Fletcher lui avait sûrement posé la question par pure politesse et une réponse complète l’ennuierait certainement. Mais une réponse courte la ferait revenir bien trop rapidement à la case départ : embarrassée et silencieuse. Elle opta donc pour la version longue.

- Je suis née en France, mais jusqu’à juin dernier, mon père travaillait au Brésil, alors on vivait là-bas et j’allais à l’Institut américain. Et puis son contrat s’est terminé et mes parents ont voulu revenir en France pour se rapprocher de la famille. J’ai été obligée de les suivre, même si j’aurais préféré bien rester là-bas…

Elle termina son café, pensant avec nostalgie à ses amis restés aux USA. Néanmoins, elle n’arrivait plus à vraiment se plaindre d’être venue en France, car elle y avait rencontré Margaret, sa sorcière bien aimée. Jeanne reposa sa tasse vide, attrapa un autre gâteau et alla s’asseoir dans un des fauteuils douillets que l’administration avait mis à disposition des élèves dans le foyer. Elle choisit le plus grand et s’installa confortablement, les jambes ramenées sous elle, un bras appuyé sur un accoudoir, l’autre restait disponible pour porter son biscuit à sa bouche. Elle rebondit sur la question de Fletcher pour en poser une similaire.

- J’ai entendu ton accent tout à l’heure, mais je ne l’ai pas reconnu. C’est un accent britannique ?

Elle croqua un morceau de cookie, se retenant de penser qu’elle avait envie d’en faire de même avec Fletcher.


Bonus <3 :
Revenir en haut Aller en bas
Jeanne Maillard
Qilinhorn
Jeanne Maillard
Jeanne Maillard
Age : 19
Espèce : Humaine - Sorcière
Pouvoir : Contrôle des plantes
Occupation : Essaye de ne pas paniquer face à la pandémie
Points : 35495
Localisation : Dortoir Qilinhorn
Jeanne Maillard
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers: